CHRONIQUE LITTERAIRE DU YOKA: « Safari du président schengenois »

Emmanuel Macron en visite au Gabon
Emmanuel Macron en visite au Gabon

Confidences du chauffeur du ministre :

Depuis que   le gérant   de notre nganda-bar   a   installé   là   le Quartier Général de son futur parti politique, l’espace ne désemplit pas. Ce  soir, par exemple,  est un moment particulier puisque les ambianceurs, amis fidèles du nganda-bar et du futur parti politique sont venus nombreux  recueillir les impressions de leur « leader » autoproclamé concernant le bilan de ce que ce dernier  appelle le « safari   africain du président schengenois ».

Personnellement, j’ai commencé par manifester  des réserves   à propos de  ce type  de communication passablement décalée, sur un sujet décalé, dans un espace décalé, et avec un public de partisans tout aussi décalé ! C’est que ça m’a appris la méfiance,  ma fréquentation assidue d’un cabinet ministériel avec un patron pointilleux et précautionneux qui  évolue en politique comme s’il marchait sur des charbons ardents. Et donc par acquit de conscience, j’ai pris la respectueuse liberté de consulter justement mon patron, Son Excellence le Ministre d’Etat. La  réponse du Ministre m’a quelque peu décontenancé ; il a dit : «  Pilote, en ce moment précis et précieux de notre pays, il faut savoir tout voir, tout entendre, tout toucher. Il faut …  savoir tout court. Mais avec modération… »

Je me suis donc rendu  à la réunion du nganda-bar. Quel n’a été mon étonnement  d’apprendre une toute autre version       de la visite en Afrique centrale du président schengenois : au Gabon, en Angola, au Congo-Brazza, au Congo-Kinshasa !  Le gérant, conteur insatiable, pérorait ainsi : 

« … Au Gabon, l’hôte   étranger, Tarzan   improvisé, est allé chercher au fond de la forêt vierge un célèbre chimpanzé , du    nom de Maeshe, disparu depuis une dizaine d’années, et recherché par tous les zoologues du monde :  parce que, selon les savants, «  le chimpanzé  constituait    le dernier  taxon singulièrement endémique, et un  oncle  ‘ sang –pour-sang’  de l’homme ».  Renseignements pris, il est apparu que seuls quelques  chasseurs et quelques  guides pygmées initiés de la forêt gabonaise pouvaient localiser le fameux singe. Considéré  et protégé dans la contrée comme un être sacré, il fallait procéder par des rituels et des tributs compensatoires compliqués pour approcher ce « vrai » roi de la forêt. Grande star,    Maeshe avait appris à être exigeant et capricieux comme une vedette du show-business ! La moindre « selfie »  à ses côtés,   par exemple, réclamait  un coût exceptionnel en termes de tribut et de protocole. Ainsi donc, le président schengenois a fini par se plier aux codes  protocolaires  du  « roi » Maeshe. Le président et les savants qui l’ont accompagné  ont ramené de leur mission  une documentation scientifique audiovisuelle  de première main. D’ailleurs, le chimpanzé aurait même accordé une interview inédite aux savants, dans un langage qui leur serait commun,  mais   indéchiffrable pour le commun des mortels, saut peut-être pour les pygmées, interview ayant trait aux techniques endogènes de conservation de la faune et de la flore sauvages…

Et notre  gérant de poursuivre sans désemparer : «  … la virée en Angola a été d’autant plus brève qu’il s’agissait d’un dossier économique top-secret  sur un troc possible à base de vente de gaz avec des  tarifs privilégiés, mais aussi   avec   comme  condition    l’appui         solidaire à la guerre ukrainienne.

… Au  Congo-Brazza, il a été question de recueillir les prédictions des oracles traditionnels particulièrement perspicaces et visionnaires,  sur les chances du second mandat  tumultueux du président schengenois propulsé pour le moment en plein dans l’œil du cyclone.

… Au Congo-Kinshasa, le président schengenois a tenu  à tester et à palper la réputation  souterraine et sulfureuse d’une capitale vibrante… » Fin de récit.

Et le gérant de nous révéler  qu’en vérité, en vérité, l’hôte de   marque a jeté d’emblée son dévolu,  pour s’évader, sur  notre … nganda-bar. Le gérant pense d’ailleurs   rebaptiser ce nganda-bar, désormais célèbre,  du nom de « Safari- Préso »…

 

( YOKA  Lye)