RDC: Mukwege évoque les violences à Kishishe et plaide pour des sanctions contre le M23 et l’Armée rwandaise

Localisation de Kishishe, au Nord de Goma
Localisation de Kishishe, au Nord de Goma

Le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege est « horrifié par les sources concordantes faisant état de massacre de masse, de personnes disparues et recrutement forcé d’enfants » à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, à une centaine de kilomètres de Goma. Dans son message de jeudi dernier, il a lancé un plaidoyer. « Ces crimes doivent entraîner des sanctions rapides aux forces d'occupation M23/RDF et des poursuites par la justice nationale et internationale », a-t-il ajouté.

Quatre jours plus tôt, dans sa déclaration sur l’impératif de la mise en œuvre du régime de sanctions, il avait interpelé particulièrement la communauté internationale: « Il est impératif que les Etats qui fournissent des armes aux groupes armés qui sont frappés d’embargo soient sanctionnés. En outre, toute coopération militaire bilatérale avec les Etats fournisseurs doit impérativement cesser si l’on veut créer les conditions propices à la désescalade ».

Et d’ajouter:

« Ainsi, nous appelons les Nations Unies à prendre des décisions fortes d’implémentation de ses propres résolutions et les pays influents comme la France, le Royaume Uni et les Etats-Unis à ne plus soutenir des Etats qui alimentent la violence et la désolation à l’Est du Congo ».

Au niveau international, quelques puissances se sont exprimées  concernant particulièrement la situation à Kishishe. Andrew Mitchell, Ministre d'État britannique au Développement, s’est également exprimé au sujet des violences à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, à une centaine de kilomètres de Goma.

Il évoque les “rapports d'un massacre épouvantable à” Kishishe, en RDC. Il affirme également que le Royaume-Uni « se tient aux côtés des victimes innocentes et condamne pleinement la violence ». « Nous appelons à une cessation des hostilités, une enquête rapide et que des auteurs soient traduits en justice, crimes de guerre inclus », ajoute-t-il. 

Le massacre de civils à Kishishe, pourrait constituer un crime de guerre, estime, pour sa part,  la Chargée d'affaires de l’ambassade américaine à Kinshasa, Stephanie Miley.

Contexte 

Les violences ont repris de plus belle dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, où l’Armée affronte les combattants du M23. 

Plusieurs sources rapportent des dizaines de cas d’exécution sommaire enregistrés mardi à Kishishe, à environ 100 kilomètres de Goma. L’armée accuse le M23, qui contrôle la zone, d’avoir tué au moins cinquante civils. D’autres sources donnent un bilan plus lourd évoquent une centaine de morts.

Bertrand Bisimwa, président de l’aile politique du M23, parle lui d’un prétendu massacre qui ne serait, d’après lui, “qu’une vue de l’esprit de ceux qui veulent faire diversion”. 

Les combats se sont poursuivis jeudi, toujours dans la chefferie de Buito dans un contexte de violation de cessez-le-feu décrété à Luanda. Des coups de feu et des détonations étaient entendus le matin aux alentours de Lushebere, une localité située entre Kirima et Kishishe. 

Selon plusieurs sources, l’Armée a fait face à une attaque des combattants du M23 qui occupent depuis plusieurs jours quelques localités dans la zone.