Une importante pénurie de travailleurs de la santé en Afrique compromet la fourniture et l’accès aux services de santé, bien que les pays de la région aient consenti des efforts pour soutenir le personnel, d’après une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), intitulé « le statut du personnel de santé dans la région africaine de l’OMS : conclusions d’une étude transversale », et qui a porté sur 47 pays africains.
L’étude, publiée cette semaine dans la revue British Medical Journal Global Health, montre que le ratio dans la région est de 1,55 professionnel de la santé (médecins, infirmiers et sages-femmes) pour 1000 personnes. Ce nombre est en dessous du seuil de densité défini par l’OMS à 4,45 professionnels de la santé pour 1000 personnes nécessaires pour parvenir à la couverture sanitaire universelle.
« L’importante pénurie de professionnels de la santé en Afrique a des implications désastreuses. Sans un personnel adéquat et bien formé, répondre aux défis tels que la mortalité maternelle et infantile, les maladies infectieuses et les maladies non transmissibles, mais aussi la fourniture de services de santé essentiels comme la vaccination, reste une bataille difficile », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Le personnel de santé de la région est aussi inégalement réparti d’un pays à l’autre, allant de 0,25 travailleur de la santé pour 1000 personnes au Niger (le ratio le plus bas de la région) à 9,15 pour 1000 personnes au Seychelles (le ratio le plus élevé de la région).
« La pénurie de longue date de travailleurs de la santé en Afrique est due à plusieurs facteurs, parmi lesquels des capacités de formation insuffisantes, une croissance démographique rapide, la migration internationale, une faible gouvernance du personnel de santé, des changements de carrière, ainsi que des difficultés à retenir les travailleurs de la santé. On estime qu’il manquera 6,1 millions de professionnels de la santé en Afrique d’ici à 2030, une hausse de 45% depuis 2013, date à laquelle les dernières estimations ont été réalisées », rapporte l’OMS.
Selon l’OMS, pour renforcer le système de santé de l’Afrique, il est crucial de répondre aux pénuries persistantes et à la mauvaise répartition du personnel de santé. Les pays doivent augmenter considérablement les investissements dans le renforcement du personnel de santé afin de répondre à leurs besoins actuels et futurs. Des mesures fortes sont également nécessaires pour stimuler la formation et le recrutement de travailleurs de la santé, de même que pour améliorer leur déploiement et les maintenir à leur poste.
Plusieurs pays africains ont réalisé des progrès pour combler le déficit. Néanmoins, l’étude de l’OMS reconnaît que la résolution de la pénurie de personnel de santé reste difficile à cause de la complexité et de l’ampleur du problème. Quatre pays (Maurice, la Namibie, les Seychelles et l’Afrique du Sud) ont dépassé le ratio personnel de santé/population de l’OMS.
Thérèse Ntumba