Des manifestations des réseaux pro-droits des femmes au sujet de la Loi électorale, à la clôture des rencontres sur la réconciliation au Katanga, en passant par le point de vue du Chef de l’Etat sur le projet Transaqua ou le coup d’Etat manqué au Mali, la semaine qui s’achève a été riche au niveau de l’actualité. Esther Mpezo Omba analyse ces faits marquants.
Bonjour Madame Esther Mpezo, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Esther Mpezo : Bonjour Desk Femme, je suis Esther Mpezo Omba, journaliste de formation et de carrière. Je travaille depuis 16 ans. Je suis actuellement présentatrice des journaux télévisés et émissions notamment Femmes pour 2023, Directrice de publication au média en ligne Pourelle.info et au JT pourElle, média spécialisé dans les questions des femmes. Nous faisons la promotion de la femme. J'ai travaillé dans plusieurs médias notamment à la RTGA, à la Radio Tropicana, au magazine Congo Panorama ainsi qu’au BSC TV. Je suis mariée à monsieur Christian Omba avec qui j’ai eu 3 garçons.
La semaine a démarré avec la déclaration des organisations de défense des droits des femmes, des jeunes et des personnes à mobilité réduite à propos du rejet de la reformulation de l'article 13 de la loi électorale. Ces réseaux s'opposent à cette décision de la plénière et exigent les 50 % reconnus par la Constitution. Que pensez-vous de cela ?
Esther Mpezo : les organisations de défense des droits de la femme, des jeunes et personnes à mobilité réduite sont dans une démarche démocratique. La constitution consacre par elle-même la parité en son article 14. Lorsque les élus ne respectent pas cette disposition, il y a de quoi les secouer.
Les réseaux se sont également lancés dans des manifestations, dont 10 jours de sit-in au palais du peuple. Le soir du premier jour de sit-in, le domicile de Carine Kanku, coordonnatrice de la Dynafec et l’une des initiatrices, a été visité par un groupe de personnes non identifiées. Que pensez-vous de cette attaque ?
Esther Mpezo : nous déplorons cette attaque de la résidence de Madame Carine Kanku de la Dynafec. Cet acte devra interpeller les autorités sécuritaires car la population de Kinshasa est fortement exposée aux inciviques urbains appelés Kuluna. Nous espérons cependant que cette attaque n'est pas liée aux actions lancées devant le palais du peuple par les organisations féminines pour réclamer le respect de la parité, car si tel est le cas, les auteurs de cette attaque doivent savoir que les menaces n'arrêteront pas ces femmes qui sont déterminées à faire respecter leurs droits. Pour preuve, le sit-in se poursuit jusqu'au 28 mai.
Au cours de la semaine également, l'ONU a appelé les parties prenantes à faire preuve de flexibilité pour l'adoption d'une loi garantissant la transparence et l’inclusivité du scrutin en 2023. Quelles sont vos attentes auprès des acteurs concernés, notamment les deux chambres du parlement, le gouvernement et la CENI ?
Esther Mpezo : afin de garantir un processus apaisé :
- Les deux chambres du parlement devraient être à l'écoute de toutes les parties prenantes notamment les femmes, sur la question de la reformulation de l'article 13 de la loi électorale pour le respect de la parité consacré dans la constitution en son article 14.
- La CENI devrait renforcer ses cadres de concertation avec toutes les parties prenantes.
-Le gouvernement doit rendre disponible les moyens pour permettre un bon fonctionnement à la CENI, question d'élaguer les contraintes qui peuvent empêcher le bon déroulement du processus.
Plus de 200 personnes se sont réunies à l'archevêché de Lubumbashi pour parler de réconciliation entre fils et filles du Katanga. Ce rendez-vous est arrivé après la table ronde concernant les régions du Kasaï et du Katanga. Quelles sont vos attentes à l'issue de cette rencontre ?
Esther Mpezo : la République Démocratique du Congo est un peuple uni, une Nation. En tant que Nation, tout son peuple doit vivre en harmonie et rester uni dans la diversité. Toutes les initiatives tendant à solidifier les liens entre congolais sont à encourager.
En sécurité, la Force de défense du peuple ougandais (UPDF) et les Forces armées de la RDC (FARDC) préparent le lancement de la troisième phase de Shujaa, l’opération conjointe lancée depuis le 1er décembre 2021 contre les groupes armés dont les ADF. Quelles sont vos recommandations à ce propos ?
Esther Mpezo : les deux pays dont la RDC et l'Ouganda ont décidé d'unir leurs forces pour rétablir la paix à l'Est de la RDC. Cependant notre gouvernement doit mettre davantage de moyens matériels et financiers, mais aussi ré instaurer l'ordre dans l'armée.
La Cour constitutionnelle s'est déjà exprimée par son arrêt du 15 novembre acquittant Matata Ponyo de toutes poursuites sur le dossier de Bukangalonzo. Cependant, dans son nouveau document, l'inspection générale des finances affirme que Matata Ponyo est bien l'auteur intellectuel, matériel et principal de cet échec. Que pensez-vous de ce sujet ?
Esther Mpezo : les arrêts de la Cour Constitutionnelle sont exécutoires et sujets d'aucun recours. Pourtant, nous estimons que dans son récent document, l'IGF n'a rendu public les conclusions de ses enquêtes, car n'ayant de compétences qu'en matière de contrôle.
Le contrôle de vignette pour les véhicules a débuté à Kinshasa mercredi 18 mai et se poursuit. Cela est aussi à la base des embouteillages dans les grandes artères de la ville. Que pensez-vous de cela ?
Esther Mpezo : il est conforme que tout citoyen s'acquitte de ses devoirs civiques (Payer l'impôt). Toutefois, il y a lieu de s'interroger sur l'utilisation des taxes payées au regard de l'état actuel de nos routes.
En santé, la province du Kasaï-Oriental a déjà enregistré plus de 930 cas de rougeole depuis le début de cette énième épidémie déclarée le 8 février dernier. Le médecin chef de division provinciale de la santé l'a fait savoir au cours d'une interview avec Actualite.cd Quelles sont vos recommandations auprès du ministère de la santé à ce sujet ?
Esther Mpezo : le gouvernement congolais doit prévenir par des vaccins afin de vaincre la rougeole dans les provinces. Il faut des fortes sensibilisations des populations dans nos villages où les vaccins sont souvent rejetés, au nom de certaines religions.
Dans l'actualité internationale, participant à la Cop 15 à Abidjan sur la lutte contre la désertification, le Président Félix Tshisekedi a affirmé qu'il ne soutient pas le projet "Transaqua" qui vise le transfert des eaux du fleuve Congo vers le bassin du Tchad, estimant qu'un transfert interbassin ne servira qu'à déplacer le problème d'un coin à un autre. Que pensez-vous de cette position ?
Esther Mpezo : nous soutenons la position du président Félix Tshisekedi car comme il l'a dit, transférer les eaux du fleuve Congo vers le bassin du Tchad ne fera que déplacer le problème... Que les experts se penchent sur la question pour trouver une autre solution qui ne sera pas en défaveur de la RDC.
Pensez-vous que les femmes ont un rôle à jouer dans la lutte contre la désertification ? Si oui, lequel ?
Esther Mpezo : les femmes ont un rôle important à jouer dans la lutte contre la désertification notamment en limitant le déboisement des forêts pour avoir le bois de chauffage. Mais il faut une alternative pour les cuissons. A cet effet, les initiatives d'utilisation du gaz doivent être encouragées.
Par ailleurs, Emmanuel Macron a nommé une femme Première ministre : Elisabeth Borne. La France n’avait eu jusqu’à ce jour qu’une seule femme cheffe de gouvernement. Qu'en pensez-vous ?
Esther Mpezo : la nomination de Elisabeth Borne comme première ministre en France est à saluer, car cela prouve qu'à travers le monde de plus en plus des compétences comptent et non le sexe. Nous pensons aussi que le Président français a porté son choix sur Mme.Borne en raison de son parcours politique et professionnel.
Au Mali, l’Armée a annoncé qu’une tentative de coup d'Etat a été déjouée au cours de cette semaine. Cela intervient quelques jours après que plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la capitale et à l’intérieur du pays pour apporter leur soutien aux opérations militaires des Forces armées maliennes (FAMa) en cours contre le terrorisme. Quelle est votre analyse de cela ?
Esther Mpezo : le cas du Mali n'est pas isolé(...). Les pays d'Afrique de manière générale doivent chercher à asseoir leur démocratie en lieu et place de multiplier des coups d'État. Cela ne fait que régresser les pays.
Un dernier mot ?
Esther Mpezo : je voudrais encourager les femmes à toujours se frayer un chemin dans n'importe quel domaine où elles se trouvent et s'y imposer par un travail de qualité. " Femme, arrête de te lamenter, prend ton courage, travaille et excelle, car la vie n'offre pas des cadeaux". Merci beaucoup.
Propos recueillis par Prisca Lokale