RDC : les techniques de vérification de l'information selon Ange Kasongo 

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

Le travail des médias comprend trois phases clés: la collecte, le traitement ainsi que la diffusion des contenus. Mettre à la disposition du public une information crédible nécessite la prise en compte des techniques de vérification. Ange Kasongo journaliste, autrice et formatrice sur le Fact-checking livre quelques astuces. 

 « Le journalisme, sous l’emprise du numérique » était le thème retenu cette année pour la journée mondiale de la liberté de la presse. Quelle est votre compréhension de ces termes ?

Ange Kasongo : je comprends qu’aujourd’hui, le numérique a bouleversé l’information et la communication. L’usage et l’appropriation des réseaux sociaux encore plus. Tout va vite, tout le monde prétend avoir le monopole d’une information sans filtre et non traitée et parfois même dans les limites de la loi. L’on retrouve ensuite ces informations sur les plateformes numériques influentes à l’échelle mondiale qui légitiment d’une certaine manière une information y compris la désinformation.

Actuellement, votre travail est essentiellement basé sur la vérification de l’info. Pourquoi cette particularité ?

Ange Kasongo : la qualité du débat public est l’un des piliers des démocraties modernes dans nos pays où liberté d’expression ne rime pas toujours avec la démocratie en réalité. Il y a des définitions générales et des définitions particulières suivant les gouvernés et les gouvernants. Depuis un moment je suis fascinée par la manière dont les internautes s’approprient le discours, tentent d’arracher leur liberté sur le numérique avec toute la complexité des tensions et des multiples crises que l’on peut vivre dans les communautés. 

Quelles sont selon vous, les techniques efficaces de vérification de l'information ?

Ange Kasongo : le rôle du secrétaire de rédaction que l’on a dans les différentes rédactions, plus consacré à la relecture d’articles a, de mon point de vue, était amélioré avec la mission de Fact-checking exercé par les Fact-checkeurs pour apporter la bonne information à la communauté et participer ainsi au journalisme de solution. Les techniques efficaces pour moi vont être basiques : la collecte, la vérification, encore et encore avant de relayer une information qui vous paraît douteuse. 

Vérifier sur les plateformes numériques, les dernières informations qui ont été publiées et qui sont en lien avec le sujet sur lequel vous travaillez, se poser aussi la question sur le contexte… Pourquoi les internautes, les lecteurs ou la communauté en générale abordent-ils cette question pendant cette période spécifiquement ? 

Car le côté sacré des faits en journalisme est piétiné tous les jours et l’on bascule très vite dans les commentaires, les opinions, les analyses. Il faut toujours confronter les sources d’informations. Il ne s’agit pas d’être le premier à publier une information, mais d’être le premier à publier la bonne information. 

Sur le numérique, une photo détournée ou qui sort de son contexte peut facilement faire l’objet d’une recherche d’image inversée pour retrouver les origines et les premières fois qu’elles ont été publiées sur la place publique. 

À l’ère des réseaux sociaux, quels sont les défis auxquels sont confrontés les journalistes et comment les relever ?

Ange Kasongo : tous les jours, les journalistes sont confrontés aux Fake News sur les réseaux sociaux. Ces dernières sont distillées par les internautes qui ne sont pas bien informés, à la désinformation et à la mésinformation, mais surtout à la manipulation et parfois la manipulation provient des politiques, les chargés de communication pour contourner une vérité ou la cacher. Cependant, il y a toujours un choix à faire. Le choix de la recherche de la vérité avec comme mission de la partager pour le bien de la communauté.

Un dernier mot ? 

Ange Kasongo : si dans la vie quotidienne, l’on peut choisir ses voisins, décidé de tirer les rideaux de son salon pour empêcher aux autres d’avoir accès à votre intimité, le numérique vient casser ce côté sacré avec un niveau d’espionnage numérique puissant, mais invisible. Sur le numérique, vous avez des voisins qui n’ont pas besoin de vous dire bonjour ou vous poser la question avant de venir lorgner sur vos plateformes. L’intime, c’est désormais ce que l’on choisit de ne pas révéler sur les réseaux sociaux.

Propos recueillis par Prisca Lokale