De Kinshasa au reste des provinces, le leadership féminin est au centre des formations et conférences. Pour ce faire, FILA WANGATA SISU Godwins, met en place Rosière 15-35 QP, un projet destiné à cultiver , la méritocratie et l’excellence au sein de la jeunesse congolaise. Ce 24 septembre, elle a répondu aux questions du Desk Femme de Actualite.cd
Bonjour Madame Godwins Fila et merci de répondre à nos questions. Vous êtes porteuse d’un projet dénommé, RQP, Quittons la pénombre. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Godwins Fila : le projet « ROSIERE 15-35QP » est une œuvre originale que j’ai conçue en faveur des jeunes filles et jeunes femmes congolaises exclusivement. Dans le but avant tout de les conscientiser afin de s’affranchir des pesanteurs sociologiques, des barrières psychologiques, et les exhorter à s’impliquer activement dans la réalisation de la politique nationale du Genre au regard des Objectif du développement durable (ODD) et de l’Indice de développement humain (IDH) tels que fixés par les instances onusiennes à l’horizon 2030. Nous avons donc écrit des documentaires thématiques dont la campagne de vulgarisation se fera sur l’ensemble du territoire national, nous organiserons des concours de dictée, d’épellation et des génies en herbe pour les filles des écoles publiques des 26 provinces de la RDC et nous allons honorer les jeunes filles et jeunes femmes les plus méritantes qui excellent dans différents horizons.
Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à mettre en place ce projet ?
Godwins Fila : je dirais intuitivement, la culture de la lecture, de l’écriture et le goût de l’excellence que j’ai acquis dans une école des Pères Jésuites à Kinshasa. Mais, il y a bien plus, d’un côté, une ambition ruminée depuis plusieurs années de proposer un projet approprié, qui puisse bénéficié à toutes les provinces de la RDC, qui pallie aux inégalités persistantes et qui corresponde aux destinées de notre grande nation; et par ailleurs vous trouverez des éléments de réponse dans ce grand projet globale où la plupart des pays du monde se sont joints aux instances internationales dans la perspective d’ériger un nouveau monde où il ferait à la fois beau et mieux vivre. Il existe à présent des projections globales à l’échelle planétaire, susceptibles de répondre favorablement aux besoins essentiels qu’éprouvent les générations actuelles comme futures. Ce, dans le respect de la nature, des droits humains fondamentaux et des principes du Genre.
Avez-vous des objectifs à atteindre à travers ce projet ?
Godwins Fila : nous avons pour objectifs,
· La culture de l’excellence et de la méritocratie afin que les jeunes filles et jeunes femmes congolaises réussissent à se bâtir intelligemment ;
· La valorisation du capital humain par une éducation d’excellente qualité ;
· L’adhésion des jeunes femmes congolaises aux actions entreprises en vue de lutter contre les fléaux qui menacent la société présentement ;
· L’examen de la condition féminine et des questions majeures du Genre en République Démocratique du Congo
Depuis 2019, bon nombre des projets sur l’autonomisation de la femme, la jeune fille, l'éveil de conscience voient le jour en RDC. Selon vous, qu’est-ce qui occasionne cet engouement autour de la congolaise ?
Godwins Fila : je pense que c’est la promesse faite en campagne par le Président de la République, à l’époque candidat à l’élection présidentielle. Promouvoir la femme dans la société, et sa volonté manifeste de la matérialiser. La mouture du Gouvernement Ilunkamba et les récentes nominations en sont des parfaites illustrations bien que la représentativité des femmes dans les institutions reste discutable. Il faudra aussi considérer le fait que le Premier ministre, lors de son discours-programme au parlement, a également évoqué la question de l’autonomisation de la femme et celle de la promotion de la jeunesse. Dans le quatorzième pilier, un accent avait été mis sur l’éducation de la jeune fille, la formation des femmes surtout celle des femmes rurales.
Quelle est votre particularité dans ce cas ?
Godwins Fila : ce que je trouve singulier, c’est la conjugaison de mes capacités intellectuelles et ma plume. De cette dernière résulte la rédaction des nombreux projets d’intérêt commun pour la République Démocratique du Congo et pour l’Afrique ; le projet ROSIERE 15-35 QP cache en réalité un plus large champ à défricher.
Votre projet vise des jeunes femmes dont la tranche d'âge est comprise entre 15 et 35 ans. Qu’est-ce qui explique ce choix ?
Godwins Fila :miser sur la jeunesse c’est miser sur le meilleur cheval pour quiconque veut gagner le pari de la réussite d’un projet de cette envergure. La transition de l’adolescence à la vie active est très importante car, elle comprend, pour la plupart d’entre nous, la fin du cycle des études secondaires, l’obtention d’un titre académique et les perspectives d’employabilité ; il vaut mieux s’armer d’excellence dans cette fourchette d’âge.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Godwins Fila : je suis une ancienne lauréate du Collège Jésuite BONSOMI, diplômée en économie internationale de l'Université Protestante au Congo. D’assistante administrative, je suis passée à assistante comptable dans une entreprise de construction pour être par deux fois assistante de chef de projet dans une entreprise de télécommunication puis dans une ONG, et je me retrouve aujourd’hui promotrice de ce projet.
D’un diplôme en Économie internationale à un projet, essentiellement de coaching, qu’est-ce qui explique ce basculement ?
Godwins Fila : les universitaires sont des ressources, des banques des connaissances et des compétences pour leurs pays; les sciences économiques sont aussi un département social qui a bien évidemment des liens de parenté avec les autres sciences, mais elle se distingue des autres sciences du fait qu’elle étudie les aspects quantifiables. Il ne s’agit pas d’un revirement , je ne vais pas ici ouvrir un débat de sémantique, mais ce que l’on doit retenir c’est qu’il s’agit pour ma part d’un engagement à user de mes compétences intrinsèques alliées à celles de toute mon équipe essentiellement féminine, afin de travailler toutes ensemble pour des causes nobles qui touchent directement et indirectement le genre, et ceci va bien au-delà du coaching.
Quelles sont vos sources d’inspiration dans le domaine de l'entrepreneuriat ?
Godwins Fila : les dernières estimations placent l’Afrique leader mondial en matière d’entrepreneuriat des femmes car la moitié des entrepreneurs africains sont des femmes, nécessité faisant loi. J’ai beaucoup d’admiration pour les nombreuses inconnues qui ne laisseront peut-être pas des empreintes indélébiles dans les annales de la République et je pense qu’elles sont à ovationner dans leur anonymat plus ou moins au même degré que les Sandrine NGALULA, Gueda YAV, Nicole SULU, Christine DESCHRYVER et d’autres qui m’inspirent beaucoup.
Dans la présentation de votre projet, vous évoquez la question de parité et la participation politique de la femme. Avez-vous des ambitions politiques ?
Godwins Fila : l’essentiel du projet se résume à des activités apolitiques. La politique ne fait pas tout l’Etat, il y a beaucoup de secteurs. Je n’ambitionne pas d’exercer dans l’espace politique congolais, j’encourage très vivement toutes celles qui en font la tentative, solidarité féminine oblige ; si mes destinées m’y attirent je pourrais me rendre promptement disponible toutefois mes ambitions transcendent la sphère politique, car on peut bien servir sa nation de diverses manières ROSIERE 15-35 QP est notre façon de le faire.
Quel message lancez-vous aux jeunes femmes et filles en attente de ce projet ?
Godwins Fila : j’aime la dualité du défi que représente ce projet pour les initiatrices et les bénéficiaires nous avons eu le temps d’émonder nos insuffisances pour leur proposer un projet qui compte parmi les nombreuses initiatives louables en matière du genre en République Démocratique du Congo. Et ROSIERE 15-35QP va fédérer la jeunesse féminine autour d’une ambition commune, celle de quitter la pénombre par la quête de l’excellence et de voir le genre autrement. Nous allons parfaire ce projet avec elles et en faire une vitrine des jeunes femmes ordinaires, comme mes collaboratrices et moi-même. En atteignant les objectifs de chacune d’entr’elles sans discrimination aucune, nous atteindrons tous nos objectifs. Ne seraient-elles pas les dépositaires naturelles des réponses idéales à la kyrielle de problèmes de croissance qui se posent avec acuité au niveau tant continental, national que local. En tout cas, nous, les initiatrices du Projet « ROSIERE » osons y croire, fermement d’ailleurs.
Propos recueillis par Prisca Lokale