17 septembre 2020 - Après une année politique intense en événements, il était nécessaire de revenir sur la première partie du mandat du nouveau Président de la République et surtout sur l’application des grandes lignes de son programme.
C’est une Porte-parole adjointe à l’emploi du temps chargée qui a accepté de nous recevoir pour cet entretien.
Après plus d’un an en fonction, que pensez-vous des différentes actions du Président de la République ?
Ce que vous me demandez là c’est le bilan du chef de l’Etat. Alors, quel est-il ? Je peux le diviser en étapes principales, chacune caractérisée par un contexte spécifique.
-Temps 1 : juste après la passation de pouvoir. C’est le temps des actions immédiates : libertés individuelles, liberté de la parole, libération des prisonniers politiques. Déclaration de la gratuité de l’enseignement ... Tout le monde en a salué les performances.
-Temps 2 : le temps difficile des négociations au sein des coalitions. On ne va pas se mentir, la coalition FCC-CACH et la coalition dans la coalition UDPS-UNC n’ont pas été de tout repos, comme toute coalition. Tout le monde est témoin des tensions, allant jusqu’à la lisière d’éclatement. Le Président a dû, d’une part, préserver la stabilité des institutions, très précieuse, malgré ce que peuvent en penser les uns et les autres, et d’autre part, faire avancer la politique du Chef de l’Etat. Il y a eu des réalisations, d’autres plus ou moins heureuses, et aussi des stagnations, dues à la réalité du terrain.
-Temps 3 : le temps de l’action. Après une première année de mandat d’observation, il était temps de commencer à procéder aux retouches, homéopathiques, mais vitales. On l’a vu avec les mouvements au sein de la Justice et de l’armée, ainsi que les premières manifestations d’un état de droit en train d’être retrouvé.
Maintenant on peut commencer à chercher plus précis dans les chiffres ; c’est la matière des techniciens et des experts. L’économie générale est celle que je viens d’exposer. Et bien entendu, les défis sont encore énormes, en particulier dans le domaine du social, pour diverses raisons, parmi lesquelles la pandémie internationale et ses conséquences sur toutes les économies du monde.
L’heure semble être à la morosité socio-économique, avec le déclin du franc congolais, le regain de l’insécurité à Kinshasa et dans les provinces, et bien d’autres désagréments. Le peuple d’abord, n’aurait-il été qu’un vœu pieu ?
Le Congo n’a cessé de s’enfoncer de manière continue depuis trente ans. Félix Tshisekedi est aux commandes depuis juste deux ans. La situation socio-économique ne peut pas changer brutalement en si peu de temps. Il faut créer la richesse, c’est le préalable, car sans argent, comment améliorer les choses ? L’argent, il y en a déjà, mais il est bloqué ou perdu dans les mains d’individus, et pour le récupérer, il faut des outils tels que la justice, et des collaborateurs ayant intégré l’esprit de l’état de droit à tout niveau. La corruption est un autre obstacle qui doit être démantelé, car tant qu’elle sévira, la production nationale existante, sera détournée du chemin qui la mène vers les caisses de l’Etat. Donc, les détournements, c.-à-d. biens et argent mal acquis, et la corruption sont deux fléaux qu’il faut attaquer en préalable. On voit déjà le rôle qu’une justice républicaine doit jouer dans ce processus, raison pour laquelle le chef de l’Etat s’y engage pleinement.
Le peuple d’abord, c’est un leitmotiv qui va nous accompagner durant tout le mandat et ce dans tous les domaines. Prenons d’abord le social, on citera des gestes symboliques qui sont une précieuse indication. Notamment, l’attention portée aux militaires et à leurs familles : aux camps Tshatshi et Kokolo, on aperçoit l’école, l’hôpital, qui ont reçu un sérieux coup de neuf, ainsi que des logements sociaux posés dans le cadre des travaux des Cents Jours.
La gratuité de l’enseignement est une autre illustration. Certes, il y a eu la pandémie de la Covid-19, qui a interrompu les cours et dilué quelque peu l’impact de cette mesure, mais elle est bien là si l’on se donne la peine de regarder.
Une autre mesure phare, c’est la gratuité de l’enseignement. Au moins deux millions d’enfants remis sur le chemin de l’école, ce n’est pas rien. Bien sûr, il y a des problèmes, avec les écoles où prévalait le système de prise en charge des enseignants par les parents. C’est un problème, il faut faire avec, et surtout chercher ensemble à le résoudre. Sinon, nous devons être contents de la portée globale de cette initiative.
Le Président Félix Tshisekedi avait décrété 2020 l’année de l‘action. À trois mois de la fin de l’année, quel bilan partiel en faites-vous ?
Me situant dans la psychologie congolaise, je répondrais par « travaillez, prenez de la peine ». Parce que le ventre est affamé et nous sommes conditionnés par “le manger immédiat”. C’est la fameuse question de la pyramide de Maslow, où quand un peuple n’a pas satisfait les besoins primaires de survie, son esprit devient bouché à toute réalisation qui se situe au-delà. Je viens de le dire plus haut, le Président a semé dans le préalable : revalorisation de la justice, traque des détourneurs, organisation d’une instance de lutte contre la corruption, mise en marche de l’état de droit malgré les résistances nombreuses, en particulier des bénéficiaires de cette vacuité. Nous avons semé aujourd’hui, nous récolterons assurément demain, car c’est le fond qui manque le moins, comme le disait le laboureur à ses enfants.
Il y a eu aussi un frein, un facteur extérieur, la pandémie de la Covid-19, qui a détraqué et immobilisé les vies des nations partout au monde ; le Congo n’a pas fait exception. Le résultat de l’action ne peut donc qu’être mitigé, d’où besoin d’une certaine relativisation.
Selon les rumeurs, votre nom est cité pour le poste de directrice de la communication du chef de l’Etat. Qu’en pensez-vous ?
C’est normal. On ne peut pas être entraîneur adjoint sans avoir montré des capacités d’être entraîneur. C’est parce qu’à tout moment, vous devez être en mesure de remplacer l'entraîneur empêché pour une raison ou une autre, pour une courte ou une longue durée.
Ca reste du pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat. Il nommera la personne qu'il estime être à la hauteur de la tâche et en mesure de relever les défis.
Le 17 juillet dernier, vous avez battu avec 5 heures consécutives de lecture des ordonnances présidentielles à la télévision nationale, sur la chaîne de la RTNC. N’était-ce pas le rôle de M. Kasongo Mwema ?
Tout rôle de M. Kasongo Mwema est aussi mon rôle, parce que je suis son adjointe. Je m’amuse bien de la rumeur, parce qu’elle aime voir des oppositions là où il n’y en a pas. Parfois, il vaut mieux écouter les rumeurs que les Télénovelas, parce qu’il y a de quoi rire jusqu’à se tordre le cou. D’ailleurs, il y a des directeurs qui n’aiment jamais apparaître en public, et se font représenter systématiquement par leur adjoint. Nous avons plusieurs chantiers au niveau de la communication, et il est normal que M. Kasongo Mwema me demande de m’occuper de la présentation des communiqués officiels, pendant qu’il suit d’autres dossiers à préparer dans un délai tenu. Désolée pour ceux qui espéraient peut-être un petit désagrément entre nous, il faudra attendre encore un bon bout de temps. Alors 5h comment je fais? Mental d'acier ! Tout part de la tête et le corps obéit. C'était une mission et je me devais de la réussir.
Vous faites partie de la Task Force Présidentielle dans la riposte face au COVID-19, pouvez-vous nous en dire plus sur cette structure et surtout quel a été votre rôle au sein de celle-ci ?
La Task Force, comme vous le savez, est un groupe de travail qui a été mis en place par le Chef de l’État pour faire le suivi de tout ce qui est Covid-19, lui faire rapport et faire des propositions. Plusieurs services sont mis à contribution, et notamment la communication. Moi, je suis le point focal pour la communication, et à ce titre, je conçois la stratégie de la communication, sa mise en œuvre, et son évaluation.