RDC-Coronavirus: MSF constate une baisse inquiétante de fréquentation dans les structures sanitaires de Kinshasa

Hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa. Photo ACTUALITE.CD.

L'ONG Médecin sans Frontières (MSF) dit avoir constaté une baisse significative de fréquentation dans les structures sanitaires à Kinshasa depuis le début de la pandémie Covid-19, le 10 mars dernier. Parmi les causes, certains Kinois redoutent soit d’être infectés par le virus en se rendant dans les structures sanitaires soit d’être isolés et stigmatisés, mais aussi l’impact économique de certaines mesures de prévention, telle que la restriction de mouvements. 

Cette organisation humanitaire craint que les malades positifs ou non à la Covid-19 ne reçoivent plus des soins vitaux même si  les mesures de prévention sont strictement respectées.

« Cette baisse est inquiétante car elle signifie que des malades ne bénéficient désormais plus de soins parfois vitaux dans les structures sanitaires de première ligne. Au Centre Hospitalier Kabinda (CHK) et dans les cinq autres structures de santé que nous appuyons dans la prise en charge du VIH à Kinshasa, par exemple, nous avons-nous aussi constaté cette baisse des consultations et des admissions en hospitalisation. Quand bien même les soins contre le VIH y sont gratuits, au CHK par exemple, le nombre de consultations mensuelles de patients est passé de 1 893 malades en janvier 2020 à 1 330 à fin mai 2020. Soit une baisse de 30%. Et ce, alors que les mesures de prévention y sont extrêmement strictes et que nous disposons de tout le matériel de protection requis », explique Gisèle Mucinya, coordinatrice médicale du projet VIH/Sida de MSF à Kinshasa. 

Pour Karel Janssens, Chef de mission de Médecins Sans Frontières en RDC, une meilleure protection des personnels soignants pourrait amener les patients à se rendre régulièrement dans les structures, ce qui aura un impact positif dans la lutte contre cette pandémie.

« Les structures MSF disposent encore à cette heure-ci des matériels de protection. Mais nous constatons que d’autres structures sanitaires peinent encore à protéger leur personnel. Il est clair qu’une meilleure protection du personnel de santé augmenterait la confiance des patients à se rendre dans les centres de santé, et par ricochet, renforcerait les efforts visant à contenir la propagation de Covid-19, et à fournir les services médicaux essentiels », a déclaré Karel Janssens, chef de mission de Médecins Sans Frontières en RDC. 

MSF appelle toutefois à un allègement des procédures administratives congolaises afin de faciliter l’importation des équipements de protection individuelle pour une mise à échelle de la riposte et pour le maintien de ses projets réguliers ainsi que ses interventions d’urgence dans le pays pour Ebola, rougeole, choléra, VIH/SIDA et d'autres maladies.

Contexte 

MSF a démarré la prise en charge des patients suspects et confirmés le 27 avril à l’hôpital Saint-Joseph de Limete à Kinshasa, en appui au Bureau Diocésain des Œuvres Médicales, au Ministère de la Santé et en coordination avec l’équipe nationale de la riposte à la COVID-19. De début mai à début juin, le centre a en moyenne hospitalisé 30 patients par jour, dont près de 20% sous oxygénothérapie. Au soir du 10 juin, 13 des 29 patients hospitalisés étaient placés sous oxygène. 

Des équipes mobiles MSF ont également appuyé 50 structures de santé de quatre zones sanitaires de Kinshasa afin d’y renforcer les mesures d’hygiène, de les équiper en masques et lave-mains, de former le personnel médical ainsi que les relais communautaires sur la prévention et le contrôle des infections. 

Auguy Mudiayi

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