Ituri : Jean Bamanisa appelle la population à l’unité face aux violences à Djugu

Photo ACTUALITE.CD.

Le gouverneur de l’Ituri, Jean Bamanisa, a lancé jeudi 11 juillet un appel à l’unité à l’endroit des couches sociales de sa province qui est déchirée depuis avril dernier par des violences armées dans le territoire de Djugu.

Ces violences d’après lui, a déjà fait « plusieurs centaines des morts, plus de 300.000 déplacés et réfugiés ». Il s’est exprimé à l’assemblée provinciale de l’Ituri où il a présenté son programme de gouvernance quinquennal, marquant également l’investiture de son gouvernement de dix ministres.

« A ce jour, notre Province se trouve dans une situation sécuritaire particulière qui en appelle à l’unité de tous. En effet, la province de l’Ituri connaît encore des cycles des violences et de l’insécurité qui mettent en mal les fondements sociaux et culturels, des relations humaines, détruisent les infrastructures sociales et économiques et affaiblissent l’administration et l’ensemble du système de gouvernance de la province au point que les populations semblent être prédisposées aux violences. Devant ces drames que nous vivons et qui déstabilisent notre Province et empêchent son décollage, notre force est dans l’unité de toutes les filles et fils de l’Ituri. », a lancé Jean Bamanisa.

Il a ajouté : « Et nous devons nous départir, nous, membres des Institutions Provinciales des messages de division susceptibles d’entretenir l’esprit des violences. »

La visite de Félix Tshisekedi le 1 juillet dernier dans le territoire de Djugu n’a pas suffi pour arrêter les violences dans cette partie du pays. Au moins 18 personnes ont été tuées par des hommes armés principalement dans la chefferie de Bahema nord, rapporte la société civile de Djugu. Jean Bamanisa a réaffirmé que la milice qui opère à Djugu est dirigée par un certain « Ngudjolo ».

« A cela s’ajoutent la menace de pénétration des éleveurs Mbororo dans les territoires d’Aru et Mambasa, la persistance du groupe armé FRPI et l’incursion des rebelles ADF ainsi que la présence massive des Banyabwisha dans le territoire d’Irumu. », a expliqué M. Bamanisa.

« Notre ambition prioritaire étant d’éradiquer définitivement les cycles de violences, de conflits et de guerres à répétition en Province, ensemble nous devons tout faire pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat, le renforcement des capacités humaines, institutionnelles, administratives et sécuritaires des entités territoriales en les dotant des moyens conséquents pour accompagner la Paix, condition préalable au décollage et au développement de la Province », a conclu le gouverneur de l’Ituri.

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi. 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour aussi, l’existence d’un secte mystico-religieux dénommée CODECO  encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Patrick Maki