RDC : Au coeur de Rutshuru, des femmes sensibilisent pour la fin de la guerre  (Reportage)

<span style="font-weight: 400;">Situé au Nord de la ville de Goma dans le Nord-Kivu, le territoire de Rutshuru est parmi les zones en proie d’insécurité dans l’Est de la RDC. Près de l’Ouganda et du Rwanda, Rutshuru a une superficie de 5 289 km</span><span style="font-weight: 400;">2</span><span style="font-weight: 400;"> dont la grande partie est occupée par le Parc national des Virunga, qui est d’ailleurs classé sur la liste de patrimoine de l’UNESCO. Le territoire est scindé en deux grandes chefferies (Bwisha et  Bwito) qui  hébergent plusieurs groupes armés locaux et étrangers parmi lesquels, certains s’identifient  aux communautés ethniques de la région. </span>

<span style="font-weight: 400;">C’est soit les Mai-Mai Charles, Mai-Mai Chetani, Nyatura et FDLR qui s’affrontent régulièrement « sous couvert ethnique » faisant croire ainsi qu’il y a une « guerre entre ethnie » dans la contrée.</span>

<span style="font-weight: 400;">Au coeur de ce territoire, une Synergie des Femmes Unies pour la Paix et le Développement oeuvrent depuis 2015 pour instaurer la paix. Aussi fortes les unes et les autres, elles ont mené une campagne de sensibilisation auprès des groupes armés opérant dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru. L’idée pour elles, c’est de convaincre ces hommes armés à déposer les armes et instaurer la paix. </span>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><span style="font-weight: 400;">Liberata Rubumba Buratwa, administratrice assistante du territoire de Rutshuru fait partie de cette synergie des femmes. Selon elle, l’idée est partie de la difficulté que rencontre les enfants à réintégrer les familles après les affrontements: </span><i><span style="font-weight: 400;">«En 2015, il y a eu des affrontements dans le groupement Binza en chefferie de Bwisha. Nous sommes allées sensibiliser d’autres femmes afin qu’elles aient la culture de dénonciation parce qu’on a remarqué que souvent quand les Mai-Mai et Nyatura s’affrontent, ils trouvent le milieu de retranchement dans leurs familles. Après les affrontements quand l’enfant rentre en famille, il trouve la mère et cette dernière est la première à voir l’enfant et elle lui prodigue les conseils afin de le convaincre»</span></i><span style="font-weight: 400;">, a dit Mme Liberata qui occupe la fonction de conseillère au sein de la Synergie.</span></blockquote>
<b>Motivations </b>

<span style="font-weight: 400;">Ces femmes sont aussi des principales victimes des violences. Elles disent avoir constaté les limites des solutions militaires aux conflits armés entre les protagonistes. C’est ainsi qu’elles se présentent en « facilitatrices » pour résoudre les clashs entre ceux qu’elles considèrent comme leurs fils.</span>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><i><span style="font-weight: 400;">«C’est la femme qui met au monde toute catégorie d’enfants. Vous devenez bandit, prêtre, politicien, vous êtes nés d’une femme. Et c’est la femme qui est capable aussi de convaincre son fils pour l’aider à abandonner les mauvaises voies. Je sais que l’enfant comprend mieux sa mère que son père»,</span></i><span style="font-weight: 400;"> explique Mme Liberata.</span></blockquote>
<span style="font-weight: 400;">Rutshuru contient plusieurs communautés ethniques qui sont affectées par la situation de conflits armés. Il s’agit des Nandes, Hutus (Les Nyabwisha), Nyanga, Hunde à qui des groupes armés se reconnaissent de près ou de loin. C’est ainsi que depuis le début de l’année 2017, des violences communautaires indexant les communautés Nande et Hutu ont eu lieu dans les localités de Nyanzale, Kibirizi, Bwalanda, Kyaghala, Kikuku, Kishishe, Bambu, Kashalira.</span>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><i><span style="font-weight: 400;">«Depuis novembre 2016, la chefferie de Bwito est en problème suite aux massacres et tueries. Nous avons organisé dix missions pour  contacter les communautés et groupes armés en conflits »</span></i><span style="font-weight: 400;">, a dit Mme Kasereka Maombi, Coordonnatrice de la Synergie des Femmes  Unies pour la Paix et le Développement qui indique que de janvier à avril 2017, elles ont pu </span><i><span style="font-weight: 400;">« identifier plus de 300 personnes massacrées, plus de 500 maisons incendiées ».</span></i></blockquote>
<b>Plusieurs activités déjà organisées</b>

<span style="font-weight: 400;">A leur risque et péril, ces femmes ont organisé au moins dix (10) missions de conscientisation des groupes armés ainsi que les communautés en présence. Mais quelles stratégies utilisent-elles pour remplir leur mission ?</span>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><i><span style="font-weight: 400;">«Partout où nous arrivons, nous entrons en contact avec les leaders locaux parce que les enfants membres des groupes armés sont mieux connus dans les villages, c’est les chefs locaux qui servent de pont entre nous et les groupes armés. Nous montrons aux enfants membres des groupes armés  qu’ils sont en train d’exterminer leurs mamans, leurs sœurs et frères. Donc pour le Congo de demain il n’y aura pas des femmes pour procréer, il n’y aura pas des intellectuels pour gouverner le pays »</span></i><span style="font-weight: 400;">, a indiqué Mme Liberata.</span></blockquote>
<span style="font-weight: 400;">Cette campagne pour la restauration de la paix dans le territoire de Rutshuru permet à ses initiatrices d’implanter des agents de liaison qui ont pour rôle notamment de vulgariser des messages de paix mais également de prévention des conflits entre les communautés locales.</span>

<span style="font-weight: 400;">«Nous avons installé les agents de paix à Kibirizi, Bwalanda , Nyanzale pour faciliter la communication, en cas d’une situation malheureuse. Le message était donné au mois de mars, en juillet nous avons encore organisé une descente pour évaluer la situation, nous avons senti que les communautés ont compris la nécessité de vivre ensemble», a lancé Mme Kasereka Maombi.</span>

<span style="font-weight: 400;">« </span><i><span style="font-weight: 400;">Ils (miliciens) nous ont dit qu’ils ont compris. Et chaque camp a envoyé de message à son adversaire pour dire qu’ils n’ont pas de problème entre eux, inutile donc qu’ils s’entretuent»</span></i><span style="font-weight: 400;">, ajoute Mme Liberata.</span>

<b>Quelques petites victoires </b>

<span style="font-weight: 400;">La campagne lancée par les femmes de Rutshuru produit des effets positifs dans le processus de pacification de la région. Depuis le mois de mai dernier, l’on enregistre de moins en moins des cas des tueries, massacres, enlèvements.</span>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><span style="font-weight: 400;">« </span><i><span style="font-weight: 400;">Le résultat est là, actuellement on peut enregistrer deux, trois ou même zéro cas de tueries pendant la semaine au lieu de vingt, trente auparavant</span></i><span style="font-weight: 400;">. </span><i><span style="font-weight: 400;">Aujourd’hui à Kikuku les gens sont rentrés. Sur la route Bwalanda-Nyanzale, un Nande ne pouvait pas passer, mais avec les contacts amorcés, la communauté Hutu a reconnu notre courage et est convaincue par notre message et nous a envoyées de dire à aux membres de la communauté Nande et Hunde qu’il n’y aucun problème entre elle. Les femmes de Kibirizi ont amené des produits vivriers (ignames, huile, poissons, fretins, mangue) au marché de Nyanzale, la communauté hutu a félicité cet exercice et a accepte désormais de coopérer avec les Nandes et Hunde »,  </span></i><span style="font-weight: 400;">a fièrement dit, Mme Kasereka.</span></blockquote>
<span style="font-weight: 400;">Pour assurer la continuité de leurs tâches, les femmes regroupées au sein de la Synergie des Femmes  Unies pour la Paix et le Développement comptent sur l’apport de toute personne physique ou morale.  </span><i><span style="font-weight: 400;">« La Monusco nous escorte dans nos démarches. En mars dernier, elle nous a accompagné dans le cadre de la résolution des conflits à Nyanzale »,</span></i><span style="font-weight: 400;"> a assuré la coordonnatrice de la structure.</span>

<b>Patrick Maki</b>