Emmanuel Macron, le 4e président français qui devra faire avec Kabila

<b>Ce que peut être la politique africaine de Macron</b>

<span style="font-weight: 400;">Alors candidat, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il s’engagera pour une nouvelle politique en direction de l’Afrique. Laquelle politique, disait-il, devrait se baser sur la liberté et la responsabilité. Il avait également précisé que ses priorités devraient être la sécurité, la lutte contre le changement climatique, les droits des femmes, l’éducation et la formation, les infrastructures, l’accès à l’énergie et à l’eau, et le développement du secteur privé, en particulier celui des PME africaines. Candidat, Macron avait insisté sur son attachement à la stabilité politique des Etat et la paix. Il n’avait cessé de privilégier une solution politique avant toute autre intervention. L’autre levier de la diplomatie du nouveau président de la République devrait être la Francophonie et les partenaires.</span>

<b>Un changement, vraiment ?</b>

<span style="font-weight: 400;">Selon les premières sorties médiatiques d’Emmanuel Macron, il ne devrait pas avoir une très grande différence entre la politique africaine du nouveau président français et celle de François Hollande. En clair, la lutte contre l’insécurité et l’économie devraient être les principaux axes des rapports entre l’Afrique et la France de Macron.</span>

<b>Sécurité</b>

<span style="font-weight: 400;">Les opérations en cours contre le terrorisme devraient continuer. Ce, avec les mêmes partenaires, à savoir l’Union Africaine et le G5 Sahel, le cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politique de développement et de sécurité qui comprend la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Plusieurs experts s’accordent même sur le choix de Jean-Yves Le Drian, 69 ans, le ministre de la Défense, comme un pion majeur du dispositif de la politique sécuritaire de Macron. On parle aussi de Cédric Lewandowski. Celui-là même qui a négocié la libération des otages au Sahel comme probable “Monsieur Afrique” de Macron.</span>

<b>Economie</b>

<span style="font-weight: 400;">Selon les premières indications, Macron devrait se montrer plus pragmatique en plaçant l’entreprise au cœur de son action. Les premiers voyages de Macron alors ministre renseignent également un intérêt (historique) sur la zone CFA. Un intérêt naturel dicté aussi par les remous sur le Franc CFA.</span>

<b>France-RDC</b>

<span style="font-weight: 400;">Etat francophone le plus peuplé du monde (80 millions d’habitants environ), la RDC a une place non moins importante dans la politique extérieure de la France. La RDC a même accueilli à Kinshasa, le XIVe sommet de la Francophonie les 13-14 octobre 2012. De toute évidence, Kabila a une certaine expérience avec la France, pour avoir été avec les trois derniers Présidents français. Il a été reçu par Jacques Chirac en janvier 2001, en novembre 2001, le 9 septembre 2002 et le 3 février 2004. Il s’était même rendu en visite officielle en France le 16 et 17 juillet 2008, puis à nouveau le 21 mai 2014. Pour sa part, Nicolas Sarkozy s’était rendu en RDC le 26 mars 2009 (ce qui constituait la première visite d’un Président français à Kinshasa depuis 1984). De son côté, François Hollande a participé au sommet de la Francophonie de Kinshasa le 13 octobre 2012. Il faut cependant noter que la France, sous Hollande, a plusieurs fois été à la tête des initiatives au Conseil de sécurité des Nations Unies, à l’Union européenne et en bilatéral sur la crise congolaise. Toujours, sous Hollande, la France s’est montrée très critique envers le pouvoir de Kinshasa au sujet du processus électoral et en matière des droits de l’homme. Plusieurs fois, les autorités françaises ont soutenu l’éventualité des sanctions individuelles par des instances internationales contre les auteurs des exactions et autres abus.</span>

<b>Qu’est-ce qui peut changer ?</b>

<span style="font-weight: 400;">Contrairement à Hollande, Macron semble plus pragmatique. Bien qu'énarque, le nouveau président Français n’est pas un pur produit de l’appareillage politique classique français. De ce fait, il n’est pas exclu de le voir oser d’autres formes de rapport avec la RDC. Ses premières sorties sur le processus électoral sont attendues connaissant les positions défendues par François Hollande à travers Jean-Marc Ayrault ont été aussi claires que fermes non seulement sur le respect de la constitution congolaise mais aussi sur l’application de l’Accord du 31 décembre. La France n’avait pas hésité à regretter publiquement un déficit de consensus dans la désignation de Tshibala comme Premier ministre. Aussi, l’Hexagone avait exigé une enquête internationale et indépendante sur non seulement les violences dans les Kasaï mais aussi dans le double assassinat des experts de l’ONU, en mars 2017.</span>

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