Présence des Rebelles Sud-Soudanais en RDC… Kinshasa, le dindon de la farce - Tribune

<strong>Quand l’histoire me rappelle…</strong>

<strong>Rappel des faits</strong>

Le Gouvernement congolais a validé l’accès sur le territoire national des troupes rebelles sud-soudanaises fidèles à Riek Machar après avoir subi des raids lancés par les forces loyalistes en Juillet dernier.

Pour y parvenir, une opération d’encadrement et de désarmement  a été pilotée par la Monusco, la Mission Onusienne au Congo a permis le cantonnement de ces troupes étrangères au Nord-Kivu, précisément à Goma.

La nouvelle est tombée comme une bombe dans les oreilles des congolais en général et en  particulier, des natifs de la contrée. La société civile au Nord-Kivu vite est montée au créneau pour fustiger une telle entreprise qualifiée de menaçante pour la paix dans cette partie du pays, objet de plusieurs incursions des forces étrangères. Une question orale avec débat a aussitôt été lancée à l’endroit d’Evariste Boshab, Vice-Premier Ministre en charge de la Sécurité et de l’Intérieur par le député Muhindo Zangi du MSR qui tient mordicus, à entendre de la bouche du Ministre, les raisons de cette option gouvernementale. Et depuis lors, c’est silence-radio…

<strong>Secret de polichinelle : Le mobile d’aide humanitaire</strong>

Officiellement, les rebelles fidèles à Riek Machar étaient en très mauvais état de santé à leur arrivée en RDC, selon Stephane Dujarric, le porte-parole de la Mission de l'ONU.

Blessé lors des combats de juillet dernier à Juba, la capitale du Soudan du Sud, M. Machar avait déjà été soigné en République démocratique du Congo au mois d'août.

Mais tout ça, on sait que c’est pour la consommation des médias car l’arbre qui cachait la forêt a fini par pousser des branches et murir ses fruits.

<strong>Qui est Riek Machar ?</strong>

Le Rebelle-puisque c’est comme ça qu’on l’identifie par ses pairs, a été deux fois, vice-président de son rival, le Président Salva Kiir. Soupçonné puis accusé d’une tentative de coup d’Etat et  craignant pour sa sécurité, Machar refuse de retourner à Juba et le 25 juillet dernier, il est remplacé par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taban_Deng_Gai">Taban Deng Gai</a> comme premier vice-président de la République, mais il conteste son éviction et, retourne en rébellion.

<strong>Pourquoi devait-t-on le secourir à tout prix? </strong>S’interrogent plus d’uns. Deux scénarii possibles :

1°L’élimination de Machar pourrait faire revivre au pays, le Mythe de l’Hydre de Lerne car ce digne fils de l’ethnie Nuer bénéficie du soutien indéfectible et de l’attachement idéologique de ses frères de sang. Il est fort faisable que ce seigneur de guerre ait inspiré d’autres ‘’Machar’’ pour poursuivre son combat. Autrement dit, Sa perte replongerait le pays dans le chaos duquel il s’était enfoncé il y a quelques années. Le pouvoir en place sait bien qu’il tient sur un piédestal en terre et qu’un simple vacillement, l’ébranlerait : les événements du 8 juillet dernier qui ont suivi l’annonce par des médias sociaux de son arrestation par des partisans de Kiir, sont encore frais dans les mémoires. C’est clair il  ne veut pas d’une autre guerre civile.

Il faut l’affaiblir, l’isoler davantage mais pas le tuer. Ainsi a-t-on vu toute la communauté internationale s’agitait lorsque Machar s’est retrouvé blessé. Kinshasa n’a eu d’autre choix que d’obtempérer. L’ordre est venu d’en-haut !

2°La question du pétrole reste au cœur du débat  même si personne ne le dit plus. L’or noir qui coule sous-sol du Soudan du sud a toujours attisé les regards des antagonistes et protagonistes. On sait également que certains puits de pétrole sont aux mains des soldats fidèles à l’ancien vice-président et l’on craint qu’ils ne provoquent des dégâts sur les installations et l’environnement. Des dégâts qui auraient des conséquences désastreuses pour le pays dont les recettes dépendent à 98 % de l’or noir exploité par des compagnies pétrolières étrangères. Faut-il ici rappeler l’intérêt des Etats- Unis et bien d’autres grandes puissances telles que le Canada, la Chine ou encore la Grande-Bretagne qui ont favorisé l’émergence du concept « Pétrodollars». Pour ce deuxième enjeu, Kinshasa n’avait pas d’autre choix que de céder !

<strong>Kinshasa, le dindon de la farce</strong>

Ce qu’on ne dit pas dans cette histoire, ce sont les risques auxquels la RDC s’est exposée en jouant sa partition. La réponse est dans l’histoire.

1° Lorsqu’en 1994, le feux-Président Mobutu céda le passage aux déplacés rwandais qui fuyaient la répression du FPR après le génocide, il importa sans le vouloir les problèmes sociopolitiques  du Rwanda au Zaïre. Il ne s’en redît compte que bien tard et s’est également une des causes de sa chute. Le Zaire avait servi de base-arrière pour les milices Interamwe. Tel est le Cas avec les hommes de Machar.

2° Le choix de la région n’est pas du reste, anodin. En effet l’Est de la République du Congo, région aussi vaste que toute l’Allemagne, très riche en ressources naturelles (coltan, pétrole, gaz, or, diamant, bois, …), et l’une des plus peuplées de la RDC, est devenue le théâtre de guerres et de violences de tous genres, qui ont causé la mort de plusieurs millions de civils, d’horribles viols de femmes et d’enfants, l’exile massif de millions de personnes, et des dégâts sociaux, économiques et environnementaux incommensurables. Tout porte à croire qu’avec cette nouvelle présence de trop des rebelles Sud-soudanais est un autre fait probant qui vient appuyer la thèse de la ‘’guerre au Congo à tout prix’’

Kinshasa  devrait puiser dans l’histoire les conséquences des affrontements qui ont eu lieur en l’an 2000, entre deux armées étrangères en l’occurrence celle du Rwanda et de l’Ouganda pour s’emparer des minerais à Kisangani.

Kinshasa devrait puiser dans l’histoire récente les massacres perpétrés à BENI par des groupes non-autrement identifiés que Le Gouvernement appelle TERRORISTES, comme si on pouvait les nommer autrement.

Kinshasa devrait puiser dans l’histoire On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps" disait Abraham Lincoln.

<strong>Serge ONYUMBE WEDI, Analyste Politique Indépendant, Expert en Communication </strong>

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