À Paris, des témoins de Lumbala confirment des pratiques de mutilation et d’exhibition des organes des ennemis comme trophée à Isiro par l’ALC de Bemba

 ACTUALITE.CD

Dans l’affaire Lumbala, les témoignages des victimes et témoins qui défilent devant la Cour d’assises de Paris illustrent des actes cruels commis par les soldats d’Effacer le tableau de Roger Lumbala et Jean-Pierre pendant leur campagne militaire contre le RDC-KML d’Antipas Mbusa Nyamwisi. Alors qu’il tentait de charger le MLC et décharger son ancien patron Roger Lumbala, un officier de l’armée congolaise qui travaille aujourd’hui dans une administration fiscale à Kinshasa a révélé des actes de mutilation commis par des militaires de l’Armée de libération du Congo (ALC),  commandée par Constant Ndima. 

Sur le front, après avoir abattu leurs ennemis, ils leur coupaient des sexes qu’ils allaient exhiber comme trophée à Isiro. Témoignage confirmé par un ancien cadre du RCD-N de Roger Lumbala, devenu député pendant la transition. 

Devant la Cour d’assises, ce témoin de Lumbala a affirmé avoir vécu ces faits à Isiro et précisé qu’aucune sanction n’avait été prise à l’encontre des auteurs, des militaires commandés, d’après lui, par Ramsès Roi des imbéciles, un proche collaborateur de Constant Ndima.

« Un jour nous sommes à Isiro, on apprend que les troupes de Mbusa Nyamwisi  étaient à 18 Km. Ndima est passé à la résidence de chaque cadre, récupère les gardes et les renvoie au front. On avait vu des militaires revenir du front avec les sexes des militaires. On nous a dit que c’était des mai-mai qui étaient tombés dans l’embuscade de Ramsès. Ce sont les troupes de Ramsès qui étaient revenues avec ces organes. Les sœurs religieuses sont allées voir Lumbala et lui dire que ce n’était pas correct et Lumbala a fait l’instruction d’arrêter ces choses. Il n’y a jamais eu de procès autour de ça », a-t-il témoigné devant les juges.

Des faits évoqués également dans le rapport Mapping, ce rapport des Nations Unies qui a cartographié plus de 600 cas de crimes commis en RDC, entre 1993 et 2003, et qui restent aujourd’hui impunis.

« Pendant et après les combats, entre le 31 juillet et le 2 août 2002, les éléments de l’ALC participant à l’opération "Effacer le tableau" ont torturé, mutilé et tué au moins 16 combattants de l’APC mis hors de combat ainsi qu’un nombre indéterminé de civils, dont des femmes et des enfants. Les militaires de l’ALC ont utilisé les organes de certaines de leurs victimes (sexe et oreilles) comme trophées de guerre et les ont montrés à la population d’Isiro », note le rapport Mapping. 

Mais le fait pour le dernier témoin de Lumbala d'affirmer que Roger Lumbala avait, sur son instruction, réussi à stopper ces pratiques confirme que l'accusé avait de l'influence sur les militaires, bien que présentés par ses proches comme ceux de l'ALC de Jean-Pierre Bemba, a commenté une victime présenté dans la salle d'audience. "Il avait donc le pouvoir d'empêcher d'autres crimes", a-t-il ajouté.

Claude Senyenya, envoyé spécial à Paris