RDC : le Réseau Mwangaza interpelle le gouvernement face aux données contradictoires sur l’accès à l’électricité

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Les membres du Réseau Mwangaza devant la presse à Kinshasa

Le Réseau Mwangaza dénonce l’absence d’un référentiel unique et fiable sur le taux réel d’accès à l’électricité en République démocratique du Congo. Au cours d'une conférence de presse organisée ce mardi à Kinshasa, les organisations membres du réseau expliquent que la coexistence de chiffres divergents provenant d’institutions publiques et internationales nuit à la planification et à la transparence dans le secteur énergétique.

Cette réaction intervient après la déclaration du Ministre des Ressources Hydrauliques et de l’Électricité, Aimé Molendo Sakombi, faite lors du Business Forum MAKUTANO 2025. Celui-ci avait affirmé que « le taux d'accès à l'électricité en RDC est passé de 9 % à 21,5 % en 5 ans, soit près de 200 % d’augmentation ». Une annonce saluée pour son ambition, mais jugée problématique par le Réseau Mwangaza au regard des chiffres publiés ailleurs.

En effet, le rapport annuel 2024 de l’Autorité de Régulation du secteur de l’Électricité (ARE), publié en mars 2025, évoque un taux d’accès d’environ 10,3 %, tandis qu’un rapport de la Banque mondiale situe ce taux à 22,1 % en 2023. De son côté, GOGLA publiait un chiffre de 19 % dans son rapport 2024. 

« Ces incohérences montrent qu’il est plus que temps d’harmoniser et de fiabiliser les données du secteur », a insisté Ursule Kibande, représentante de Ressources Matters, membre du Réseau Mwangaza.

Pour l’organisation, cette confusion statistique empêche toute évaluation rigoureuse des initiatives gouvernementales, notamment le projet d’électrification de 78 000 villages, la construction de 100 centrales solaires ou hybrides, ou encore l’étude en cours pour une unité locale de fabrication de panneaux solaires. 

« Sans données fiables sur le vrai taux d’accès, il sera impossible de mesurer l’impact réel de ces projets, surtout dans un contexte où les ménages restent moins desservis que les entreprises minières », a-t-il ajouté.

Le Réseau Mwangaza met également en garde contre l’absence de mécanismes transparents de suivi, dans un environnement à risque élevé de corruption et de détournement. 

« Sans transparence et redevabilité, même les meilleures initiatives risquent de devenir des éléphants blancs », a prévenu le réseau.

La plateforme recommande au ministère de l’Électricité d’harmoniser les données officielles, de les désagréger par catégories (ménages, entreprises minières, PME, etc.), et de rendre publics les dispositifs garantissant la transparence dans la mise en œuvre des projets énergétiques.