Les groupes armés CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) et Zaïre, également connu sous le nom d’« Auto-défense des communautés victimes de l’Ituri » (ADCVI) continuent de semer la désolation dans la province de l'Ituri. C'est ce qu'a révélé Bintou Keita, cheffe de la Monusco ce vendredi 27 juin 2025 au Conseil de sécurité de l'ONU à New-York aux États-Unis d'Amérique.
Dans son exposé, la représentante du SG des Nations-Unies en République Démocratique du Congo, Bintou Keita a fustigé également l'émergence de deux nouveaux groupes armés dans la province de l'Ituri dirigés par deux anciens chefs de guerre reconnus coupables pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
"Dans la province de l'Ituri, les attaques de représailles menées par les groupes armés CODECO et Zaïrois ont continué de toucher des villages et des sites de déplacés internes, entraînant de graves perturbations des services médicaux pour les populations vulnérables. Deux nouveaux groupes armés ont émergé, dirigés par Innocent Kaina et Thomas Lubanga, tous deux reconnus coupables de graves crimes internationaux, notamment de recrutement d'enfants. Au Nord-Kivu et en Ituri, les attaques des ADF contre les civils ont diminué ces derniers mois, mais leur caractère meurtrier persiste", a fait savoir la représentante spéciale du SG de l'ONU dans son discours.
Selon Madame Bintou Keita, "la menace posée par les ADF n'a pas diminué, mais a plutôt évolué, le groupe modifiant sa stratégie". À l'en croire, il recherche désormais un soutien local pour accroître ses financements.
"Dans ce contexte, la MONUSCO continue de mettre à profit sa stratégie globale de protection pour réduire et atténuer les menaces contre la population civile, renforcer la résilience des communautés et les capacités locales, améliorer l'alerte précoce et la réponse rapide, et promouvoir les droits de l'homme et la responsabilisation. Cette semaine, la MONUSCO a facilité le deuxième cycle du Dialogue de paix d'Aru, sous la direction des autorités provinciales de l'Ituri, avec la participation de la CODECO, du Zaïre et d'autres groupes armés", a indiqué la Cheffe de la Monusco Bintou Keita.
S'appuyant sur les efforts politiques antérieurs et le récent lancement à grande échelle des initiatives de réintégration par le Programme national de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation (PDDRCS) en Ituri, ainsi qu'à Beni et Lubero, a-t-elle fait savoir, des centaines de combattants désarmés ont désormais rejoint des projets communautaires offrant des opportunités d'emploi, des formations professionnelles, une éducation aux droits humains et d'autres activités génératrices de revenus pour eux-mêmes et leurs communautés.
"Parallèlement, la MONUSCO soutient activement les efforts de justice. En Ituri, les audiences foraines progressent significativement. Les auteurs de violences sexuelles liées au conflit, qu'il s'agisse d'agents de l'État ou de membres de groupes armés, sont poursuivis et jugés. Des membres de la milice CODECO ont été reconnus coupables de crimes contre l'humanité. À Beni, le transfert temporaire du quartier général de la Force a renforcé notre collaboration avec les forces de défense et de sécurité congolaises. Nos patrouilles, notamment celles de la Police nationale congolaise, nous ont permis d'intensifier nos efforts de protection. Dans certaines zones, cela a permis le retour des institutions, des services publics et, surtout, des populations à leurs champs et à leurs moyens de subsistance", a fait savoir Bintou Keita, cheffe de la Monusco.
Alors que la situation sécuritaire dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu reste préoccupante depuis plusieurs années, cette partie de la République Démocratique du Congo ne cesse d'enregistrer la naissance des mouvements politico-militaires. La dernière est l'officialisation de la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga, ancien condamné de la Cour Pénale Internationale (CPI).
Dans un communiqué rendu public au mois de mars dernier, Thomas Lubanga Dyilo, criminel de guerre et condamné déjà par la CPI a officialisé son mouvement dénommé la convention pour la révolution populaire. Selon le communiqué, la CRP se veut être le corps qui porte en lui l'esprit de changement qui anime tous les Congolais censés faire face à la mauvaise gouvernance politique du pays caractérisée par les détournements, la corruption, la kleptocratie, la kakistocratie, l'égocratie, le caporalisme, le patrimonialisme, le tribalisme, le népotisme, le clientélisme.
Clément MUAMBA