Lubero : deux jours de paralysie des activités sur l’axe Vuyinga-Mabambi après l’offensive des armées congolaise et ougandaise contre des miliciens Maï-Maï

Les militaires congolais dans la zone opérationnelle de Beni/Ph ACTUALITE.CD

Ce vendredi 27 juin 2025, c'est le deuxième jour de paralysie des activités socio-économiques sur l'axe Vuyinga Mabambi, dans la chfferie des Baswagha, dans le territoire de Lubero. Selon plusieurs sources sur place, cette situation est directement liée aux violents affrontements qui ont opposé le jeudi 26 juin, les forces armées congolaise et ougandaise aux miliciens Maï-Maï retranchés sur la colline de Muhola.

Bien qu’un calme précaire soit observé depuis la matinée de ce vendredi, plusieurs boutiques et maisons de commerce restent fermées. Un notable dans cette partie du territoire de Lubero, contacté par ACTUALITÉ.CD, a indiqué que de nombreux habitants de Mabambi ont choisi de rester chez eux, en raison de la psychose qui s'observe. Il a également fait savoir qu'une messe de confirmation prévue à la paroisse catholique de Mabambi a été annulée en raison de l’offensive de la veille. Le prêtre initialement chargé de célébrer cette messe a été contraint de retourner à Butembo, a ajouté un notable de Mabambi.

De plus, les élèves de l'école secondaire qui avaient commencé leurs examens de fin d’année, ont été contraints de suspendre ceux-ci à cause de l’insécurité croissante. Ce notable redoute des conséquences négatives sur les activités scolaires pour les élèves finalistes de la sixième année primaire, si cette situation perdure.

« La situation de Mabambi, Kivua, Maboya, Ngongi, Kasasi et Kalundu est vraiment critique. Nous vivons pour le moment avec la peur au ventre, parce que la distance entre les deux camps, après les affrontements qui ont eu lieu hier, n’est que d’un kilomètre. Ils sont en train de se regarder, et de temps à autre, ils peuvent reprendre les offensives. Cela crée une panique, parce que depuis hier, il y avait une messe de confirmation prévue à Mabambi; malheureusement, elle n’a pas eu lieu à cause des affrontements survenus vers 5h, lorsque les FARDC-UPDF ont attaqué le camp des Maï-Maï qui régnait ici, ce que nous sommes en train de regretter. Les examens pour les élèves de l’école secondaire avaient déjà commencé ici, mais tout cela est déjà annulé. Mardi prochain, les examens du TENAFEP étaient prévus pour les écoliers de l’école primaire. Dans cette situation, si cela continue ainsi, les écoliers risquent de rater leurs examens », a-t-il fait savoir.

Pillage des biens de la population

D’autres sources contactées déplorent le pillage des biens de la population après ces confrontations armées. Les forces militaires FARDC qui contrôlent le village de Kalundu pointés du doigt.

« Certains militaires du camp des FARDC ont pillé plusieurs boutiques, pharmacies et magasins des habitants de Kalundu. Ils ont emporté de nombreux biens qu’ils retrouvaient dans les maisons des civils. Je n’ai pas peur de le dire, ce sont bien les militaires des FARDC qui ont commis ces pillages. Ils contrôlent le village de Kalundu et, après avoir pillé, ils ont laissé de nombreuses portes de maisons ouvertes », a déploré notre source.

Ces affrontements surviennent dans un contexte de renforcement de la coopération militaire entre la RDC et l’Ouganda. Le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’UPDF et fils du président Yoweri Museveni, a récemment mis en garde, lors de son séjour à Kinshasa, tous les groupes armés, notamment les wazalendo qui seraient ciblés s’ils refusaient de déposer les armes.

« Les wazalendo sont assurément une force négative. Les forces conjointes de l’UPDF et des FARDC les attaqueront partout où nous les trouverons », a-t-il déclaré dimanche dernier, peu après une rencontre avec le président congolais Félix Tshisekedi.

Officiellement, l’opération conjointe « Shujaa », lancée entre les deux armées en novembre 2021, vise spécifiquement les ADF-MTM, un groupe affilié à l’État islamique. Cependant, les récentes déclarations de Kampala laissent entendre une extension des cibles aux milices locales, telles que les Maï-Maï et les Wazalendo, traditionnellement considérées comme des alliées occasionnelles des FARDC dans leur lutte contre le M23, soutenu par le Rwanda, selon plusieurs rapports des Nations Unies.

Josué Mutanava, à Goma