Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a bouclé jeudi 26 juin 2025, son séjour de travail en République Démocratique du Congo. Après ses rencontres avec les autorités à Kinshasa, Tom Fletcher a effectué une tournée dans les zones de déplacés dans les territoires de Nyiragongo et de Masisi (Nord-Kivu), ainsi qu’à Minova, dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu).
« Ce qui m’a le plus marqué hier et aujourd’hui, ce sont les récits de violences sexuelles. J’ai écouté des femmes raconter des histoires si atroces que je ne peux les répéter ici », a déclaré Tom Fletcher, dans une synthèse proposée par ONU info.
À l'en croire, ces femmes, mutilées dans leur chair, cherchent désormais le courage de recommencer à vivre. Et face à elles, les travailleurs humanitaires tentent de maintenir un semblant de soutien. « Nous sommes là pour les aider à se relever », dit M. Fletcher.
Une crise silencieuse, une aide qui s’effondre
À ces drames s’ajoute une réalité plus vaste : cinq millions de personnes vivaient déjà dans des camps de déplacés dans l’est du pays, avant l'offensive lancée en début d'année par le groupe armé. Et aujourd’hui, ce sont plus de 20 millions de Congolais qui ont besoin d’une aide vitale. Un chiffre effarant. Mais les financements, eux, s’effondrent.
Alors que les pays de l’OTAN viennent d’annoncer une hausse de 5 % de leurs dépenses militaires, renseigne la même source, les fonds alloués à l’action humanitaire atteignent leur plus bas niveau. Aux États-Unis, qui finançaient à eux seuls 70 % de l’aide de l’ONU en RDC, cette générosité historique semble vaciller.
« Nous constatons que la majorité de ces fonds s’évaporent. Cela nous oblige à faire des choix cruels, des choix de vie ou de mort » alerte M. Fletcher.
Selon toujours son constat, des enfants meurent faute d’eau potable. Des communautés vivent sans abri, sans médicaments. Des femmes victimes de violences sont livrées à elles-mêmes. « Ces coupes budgétaires sont bien réelles, et des gens meurent à cause de cela » a-t-il fait remarquer.
« Nous continuons, malgré tout »
Malgré les barrages, malgré les routes coupées et les aéroports fermés, les équipes humanitaires poursuivent leur mission. « Nous essayons d’atteindre ces communautés, de rouvrir les routes, de débloquer les postes de contrôle qui entravent notre aide », affirme M. Fletcher, responsable onusien.
Face à la raréfaction des financements, un plan d’« ultra-priorisation » a été lancé : sauver 114 millions de vies cette année. Une ambition immense, qui ne tient qu’à un fil. « Nous demandons simplement 1 % de ce que le monde a dépensé en armement l’an dernier » a-t-il plaidé durant son séjour.
Ce déplacement en RDC intervient dans un contexte marqué par la réduction drastique du plan de l'ONU d’aide humanitaire mondial pour l’année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) rendu public lundi 16 juin 2025.
Cette baisse considérable de l’aide intervient alors que les conflits dans le monde se multiplient, certaines zones étant particulièrement vulnérables, à l’instar du Soudan, de la République démocratique du Congo, du Myanmar ou de Gaza, qui est confrontée à un risque « critique » de famine, selon un rapport paru en mai dernier.
Clément MUAMBA