Alors que le pays fait face à la guerre d'agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23, des voix ne cessent de s’élever pour dénoncer la multiplication d'arrestations des officiers supérieurs et généraux des Forces Armées au risque de démobiliser les troupes sur le terrain mais aussi mettre en mal la cohésion nationale tant recherchée. Le porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, le général major Sylvain Ekenge s’est exprimé sur cette situation indiquant que des enquêtes sont en cours.
"Il y a des officiers qui sont arrêtés pour des raisons évidentes. Imaginez qu'à Ndolo il y a des officiers qui ont été condamnés pour avoir détourné 20.000 USD là c'est une réalité. Je connais un ami général qui a été condamné parce qu'il a autorisé le déplacement d'un véhicule de l'armée pour des fins autres que celles de l'armée et ce véhicule a connu un accident et il a été emprisonné, il a été condamné. Imaginez quelqu'un qui détourne 200.000 USD,imaginez celui qui détourne 1 million USD et les gens disent qu'on les arrête parce que ce sont des swahiliphones, on les garde longtemps en prison non non", s’est exprimé mardi 3 juin, le porte-parole des FARDC, le général-major Sylvain Ekenge au cours d’un briefing de presse.
Pour la plupart des officiers arrêtés, les ne sont pas toujours ouverts. Sylvain Ekenge mentionne que l'armée ne peut pas agir sous pression et rassure que les enquêtes suivent leur cours normal. À l'en croire, "Chacun est détenu pour des infractions individuelles" et non en lien avec ses origines ethniques.
"Nous sommes en guerre, la procédure en temps de guerre est telle que ça doit être de cette manière là, on approfondit tout, on a tous les éléments avant d'envoyer quelqu'un, de le déférer à la justice militaire. On parle des officiers swahiliphones mais il n'y a pas que les officiers Swahiliphones, il y a même des officiers d'autres espaces linguistiques mais chacun a été pris pour une infraction posée individuellement. Dès que les services terminent les investigations, ils bouclent le dossier et le dossier sera transmis obligatoirement à la justice militaire pour la suite", a rassuré le porte-parole des FARDC.
Un consortium des organisations non gouvernementales de défense des droits de l'homme en RDC (ONGDH-RDC), dont Human Rescue et le Panel des Experts de la société civile, a récemment exprimé sa profonde préoccupation suite aux nouvelles vagues d'arrestations de hauts responsables militaires, depuis jeudi 22 mai 2025. Le dernier cas est du général de brigade Pierre Banywesize, commandant adjoint des opérations affecté à Dungu (Haut-Uélé), également ex chef d'état-major particulier de l'ancien président de la République, Joseph Kabila.
Selon ces organisations de la société civile spécialisée dans la défense des droits humains, Pierre Banywesize a été interpellé à Kinshasa par les services de renseignement militaire au camp Kokolo puis détenu dans un lieu inconnu alors qu'il séjournait à Kinshasa en attente d'un transfert pour des soins médicaux à l'étranger. Dans la même catégorie, ces ONGDH ont évoqué le cas du général Banza Kabulo Joseph, ancien commandant second du secteur opérationnel Sokola 2 au Sud-Kivu, arrêté également à Kinshasa.
À ce jour, le consortium note avec inquiétude, que sur au moins 29 généraux détenus 27 sont d'obédience swahiliphone en plus d'une centaine d'officiers et sous-officiers détenus dans des conditions contraires aux standards des droits humains à ces différents endroits ci-haut cités.
Clément MUAMBA