Losembe Labama Moïse, connu sous le nom de scène Kristo Bantala, est un artiste congolais qui vit en Suède. Slameur, activiste et entrepreneur social, il utilise son art pour dénoncer les injustices et défendre les personnes réduites au silence. Malgré le fait de se retrouver loin des limites de son pays, il continue son combat à travers la parole, la poésie et des actions concrètes.
Kristo Bantala a grandi dans une RDC marquée par la guerre, l’impunité et la corruption. Il commence à écrire et à slamer pour dénoncer les abus. Mais ses prises de position lui valent des menaces.
« Personne ne souhaite l’exil. C’est une prison sans barreaux, mais avec des murs invisibles. Beaucoup d’entre nous rêvent d’en sortir, de rentrer, de retrouver ce qu’on a laissé. Mais la réalité nous impose son prix. Ce combat que nous avons choisi — l’art, l’activisme — en fait partie. Dire la vérité, défendre les nôtres, créer pour résister… Ça dérange. Et parfois, ça te pousse à fuir pour pouvoir continuer à vivre… et à parler », explique-t-il.
Depuis qu’il vit en Suède, Kristo Bantala dit se sentir plus libre dans son expression artistique. Aussi le fait de vivre entre deux cultures influence son travail.
« En RDC, tu fais de l’art avec le cœur, mais parfois avec la peur aussi — la liberté d’expression, c’est pas toujours garanti. En Suède, je me sens plus libre de dire ce que je pense, et j’ai accès à plus de moyens pour créer. Parfois je pense en lingala, j’écris en français, je slame en anglais, et je partage en suédois. Ce mélange, bien qu’il semble chaotique, est une richesse pour moi », ajoute-t-il.
Kristo Bantala est convaincu que le slam peut encore faire bouger les choses.
« Il se passe tellement de choses au Congo — des choses graves, des choses qu’on ne montre pas toujours dans les médias. Et pourtant, beaucoup m’ont dit qu’ils ont appris, qu’ils ont compris, grâce à ce slam. C’est là que je vois la force de cet art : il informe, il éveille, il rassemble, et surtout il dérange. Il dérange ceux qui commettent des crimes, ceux qui veulent étouffer la vérité. Certains artistes ont même perdu leur vie à cause de cet art, de cette parole trop libre », dit-t-il.
En Suède, il ne se limite pas à l’art. Il a fondé Ungdomarna Först, une association à but non lucratif qui aide les jeunes à mieux s’intégrer. Son objectif est de promouvoir l’entrepreneuriat, prévenir la criminalité et encourager la formation continue.
« Je suis très investi dans l’activisme et mon programme de mentorat, où j’accompagne des jeunes sur des sujets comme l’intégration, l’entrepreneuriat et la lutte contre la criminalité. À travers des workshops et conférences, je les aide à trouver des solutions concrètes pour leur avenir», explique Kristo.
Kristo Bantala travaille aussi sur un projet littéraire, un recueil de poèmes intitulé Kinzozi Palabre à l’arbre. Il y traite de thèmes comme la résistance, l’espoir, l’identité et les luttes quotidiennes.
Bénédicte Mbuku, stagiaire UCC