La Première ministre congolaise, Judith Suminwa, a dénoncé avec force l’occupation illégale de territoires congolais par les troupes rwandaises, sous couvert du groupe armé M23, lors de la réunion de haut niveau du Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA), vendredi à Addis-Abeba.
« L’heure est grave. Ce Conseil ne se réunit pas pour un simple différend diplomatique », a déclaré Mme Suminwa dans une intervention incisive, appelant les États membres de l’UA à une réponse ferme contre ce qu’elle a qualifié d’acte de guerre.
Violation des principes de l’Union africaine
Selon la cheffe du gouvernement congolais, le Rwanda a violé les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies et de l’Acte constitutif de l’UA en menant une guerre contre la RDC à travers le M23. « Ce groupe continue d’opérer avec le soutien d’un État membre, en toute impunité », a-t-elle martelé.
Elle a rappelé que cette crise ne concerne pas uniquement la souveraineté de la RDC, mais aussi la crédibilité de l’Union africaine elle-même. « Ce n’est pas seulement la souveraineté de la RDC qui est en jeu. C’est le fondement même de notre Union et son engagement à protéger les États africains contre toute tentative de prise de pouvoir par les armes », a averti Mme Suminwa.
Un appel à une action ferme
Face à la montée des violences dans l’est du Congo, où des centaines de milliers de personnes sont déplacées en raison de l’offensive du M23, la Première ministre congolaise a exhorté l’UA à prendre des mesures immédiates.
« Quand a-t-on toléré que des femmes soient violées, des enfants arrachés à leur famille ? », a-t-elle lancé, insistant sur la nécessité pour le Conseil de l’UA d’agir avec fermeté contre cette agression.
Une pression diplomatique accrue contre Kigali
La prise de parole de Mme Suminwa intervient alors que la pression diplomatique s’intensifie contre le Rwanda, accusé par Kinshasa et plusieurs rapports des Nations unies de soutenir activement le M23 dans ses offensives en RDC.
Le président angolais João Lourenço, médiateur du processus de Luanda, a récemment pointé l’absence de Paul Kagame à une réunion clé en décembre, un échec qui, selon lui, a contribué à l’escalade actuelle du conflit.
De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi, en déplacement à Munich, a estimé que le processus de Luanda traversait une phase de turbulences, nécessitant un nouveau cadre de facilitation pour contraindre le Rwanda à cesser son ingérence en RDC.
Vers une réaction de l’Union africaine ?
L’intervention de la Première ministre congolaise à Addis-Abeba vise à mobiliser les États africains en faveur de sanctions contre le Rwanda et d’une intervention régionale plus musclée pour contenir l’expansion du M23.
Jusqu’à présent, l’Union africaine a multiplié les appels au cessez-le-feu, sans mesures concrètes pour contraindre Kigali à retirer ses troupes du territoire congolais.
Kinshasa espère désormais que cette réunion marquera un tournant décisif dans l’engagement de l’UA face à ce conflit, qui menace toute la région des Grands Lacs.