Violences et viols massifs à Goma : les associations de femmes congolaises appellent à la justice et à la paix

Photo/droits tiers
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Les autorités congolaises ont récemment fait état d'un bilan, révélant qu’au moins 165 femmes ont été violées par des détenus lors de l’évasion de plus de 4 000 prisonniers de la prison de Muzenze, à Goma, le 27 janvier, alors que le groupe armé M23 lançait son assaut sur la ville. 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies a rapporté le viol de 52 femmes dans le Sud-Kivu par des troupes congolaises, dont des cas de viols collectifs.
Face à cette situation, plusieurs associations de défense des droits des femmes, telles qu’AFIA Mama, Leadership de la femme de médias, et Les Femmes de valeurs, ont lancé un appel à la paix et à l’établissement de la justice.
« Notre réaction à cette situation est celle de la déception, du choc et de la colère. Nous sommes censées être protégées, à tous les niveaux : légal, social et sociétal. La femme et la fille doivent être protégées et respectées. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Nous nous demandons : où est passée la masculinité des hommes africains ? Où est cet instinct de protection qui existait chez nos ancêtres ? Une femme était sacrée, une fille était sacrée. Que sont devenus ces hommes qui protégeaient les femmes et les filles, même en temps de guerre, malgré les conflits qui pouvaient les diviser ? », ont-elles déploré.

Les associations insistent sur la nécessité de déterminer la responsabilité de chaque groupe impliqué et de garantir une prise en charge complète des femmes et filles victimes de violences sexuelles.

« Nos cœurs sont brisés, notre douleur est profonde. Les viols et les violences sexuelles subies par ces femmes ne semblent pas être une priorité. La priorité, aujourd’hui, c’est la prise de pouvoir, c’est la guerre. Mais dans cette prise de pouvoir, qui va s'occuper des enfants ? Qui seront ces âmes qui reconstruiront les foyers ? Parce que les âmes des femmes sont meurtries par cette violence. Nous sommes choquées, déçues, blessées et révoltées. Nous exigeons que justice soit faite. Pour les femmes violées en temps de guerre, les responsabilités doivent être établies. Les lois internationales et les conventions prévoient cela. Si ce sont les rebelles qui ont commis ces viols, qu’ils soient jugés. Si ce sont des délinquants ou des voyous en fuite, qu’ils répondent de leurs actes. Nous exigeons également une prise en charge complète des survivantes », ont-elles ajouté.

Les femmes appellent également la communauté humanitaire à obtenir l'ouverture urgente d'un corridor pour permettre une prise en charge rapide des victimes.

« Ces viols entraîneront des grossesses non désirées, des infections, et des traumatismes psychologiques. Nous militons également pour les droits à la santé sexuelle et reproductive. Plus vite nous disposerons de corridors humanitaires, plus efficacement nous pourrons prendre en charge les survivantes des violences sexuelles, leur offrant les soins nécessaires, conformément aux droits garantis par le Protocole de Maputo, notamment en cas de grossesse non désirée », ont-elles souligné.


Nancy Clémence Tshimueneka