RDC-Nyiragongo: les combats se poursuivent ce samedi, les sites des déplacés se vident de plus en plus laissant présager une dégradation de la situation humanitaire à Goma

Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)
Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)

Les affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) se poursuivent intensément ce samedi 25 janvier 2023. Deux fronts de conflit se dessinent autour de la ville de Goma, principalement sur l’axe Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo (Nord), et sur l’axe Sake, dans le territoire de Masisi (Ouest).

En ce qui concerne Nyiragongo, dès les premières heures de la matinée, des détonations d’armes lourdes et légères ont été entendues, indique la société civile locale. Ces bruits de bombes sur l'axe  Kanyamahoro-Kibumba exacerbent la panique au sein de la population de Goma. Des sources locales rapportent que les rebelles du M23 ont tenté de nouvelles percées vers la ville, mais ont été repoussés par l'armée. 

Nyiragongo abrite des déplacés. Ces derniers quittent depuis quelques jours la zone pour se réfugier dans la ville de Goma où des dispositions d’accueil n’ont pas été mises en place. 

"Les affrontements n'ont jamais cessé et se répercutent désormais sur la situation humanitaire depuis le début de cette crise. Le territoire de Nyiragongo, en particulier dans la partie sud, a accueilli beaucoup de déplacés de guerre. Avec cette situation, cette population est de nouveau déplacée, ce qui complique encore davantage la situation humanitaire", a déclaré à ACTUALITE.CD Thierry Gasisiro, rapporteur de la société civile dans le territoire de Nyiragongo.

Cette situation présage une situation humanitaire encore catastrophique dans la ville de Goma qui accueille depuis le début de la semaine de nombreux déplacés.

Des témoignages recueillis par ACTUALITE.CD à Nyiragongo révèlent que des civils déplacés passent des nuits à la belle étoile, fuyant les combats. La plupart sont ceux qui se dirigent vers la ville de Goma et le territoire de Rutshuru, tandis que d'autres traversent carrément vers le pays voisin, le Rwanda.

"Aujourd'hui, la situation humanitaire est catastrophique. Il faut dire qu'il y a déjà eu des bombes qui sont tombées dans des camps des déplacés, ce qui a entraîné un nouveau déplacement d'une partie de la population. Cela complique encore plus la précarité dans laquelle vivent ces déplacés. Certains se sont dirigés vers d'autres camps dans la partie sud, dans le groupement de Munigi, et d'autres se réfugient chez des familles d'accueil. Il est important de mentionner que ces familles d'accueil sont très sollicitées. C'est donc une situation très compliquée. De nombreuses familles d'accueil qui ont reçu des déplacés n'ont pas assez de ressources pour subvenir à tous les besoins, surtout alimentaires et sanitaires. Nous faisons également face à une carence en eau potable, car les organisations humanitaires sont débordées et les moyens dont elles disposent sont vraiment insuffisants par rapport aux besoins", a indiqué cet acteur de la société civile de Nyiragongo.

Pendant ce temps, les combats sont aussi en cours sur l’axe Sake-Goma.

L'Union européenne a également exprimé son inquiétude face à l’escalade des violences. Dans une déclaration officielle, elle a condamné la capture de villes stratégiques par le M23, qualifiant ces actions de "violation inacceptable" du cessez-le-feu. Plus de 800 000 personnes vivent actuellement dans des camps autour de Goma, et des milliers d'autres fuient vers des zones urbaines, augmentant leur vulnérabilité face à la violence.

Bruxelles a fermement exhorté le M23 à mettre un terme à son offensive et à se retirer des zones occupées tout en appelant le Rwanda à cesser son soutien aux rebelles, soulignant que cette interférence constitue une violation du droit international et de la souveraineté congolaise.

Josué Mutanava, à Goma