A l’occasion de la célébration, le 2 novembre 2024, de la onzième Journée Internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes, Journaliste en danger (JED) publie son Rapport annuel 2024 intitulé : « Nouvelle Loi sur la presse, nouveaux abus contre les journalistes : Les nouveaux visages de la Censure en RD Congo ».
Ce Rapport est rendu public dans un contexte politique et sécuritaire marqué par la persistance de la guerre à l’est de la RD Congo.
Les hostilités à l’Est du pays, depuis l’occupation de plusieurs territoires par des rebelles soutenus par le Rwanda, se sont accompagnées d’une recrudescence des attaques contre la presse. Des médias ont été pris pour cibles de violentes attaques dans certaines provinces de l’Est où les combats opposent des milices de la rébellion aux forces gouvernementales.
Ces affrontements ont largement exposé les journalistes, pris entre les feux de l’Armée et des rebelles, poussant plusieurs d’entre eux d’arrêter leurs émissions et d’abandonner leurs localités pour se réfugier dans des lieux plus sûrs.
En dépit de la promulgation de la nouvelle Loi, à savoir « L’Ordonnance-Loi n° 23/009 du 13 mars 2023 fixant les modalités d’exercice de la liberté de la presse, la liberté d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication, en RD Congo », la situation générale de l’après les Etats généraux de la presse, tenus en 2022, se caractérise par des tentatives répétées de museler la presse ou d’imposer une ligne de conduite aux organes de presse, et de réduire au silence les voix discordantes.
Les graves décisions qui ont été prises dès le début de cette année, en février 2024, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), notamment, d’interdire aux médias de diffuser les informations en rapport avec la rébellion dans l’Est de la RDC ; de ne plus diffuser des débats ou des émissions à téléphones ouverts à propos des opérations militaires ou même d’interviewer les forces dites négatives, constituent des actes de censure qui violent des droits garantis par la Constitution.
Dans le présent Rapport JED relève plusieurs cas qui entravent la liberté de l’information et le travail des journalistes ; des tentatives de contrôle politique sur les médias ou d’assujettissements de l’information à des fins privées, et pointe du doigt les visages des responsable ces nouveaux prédateurs qui incarnent, désormais, la censure et la volonté de musellement de la presse au Congo. On les retrouve à Kinshasa ou en provinces ; dans les institutions ou dans les services de sécurité ; dans les zones sous occupations des rebelles à l’Est ou sous contrôle du gouvernement.
En conclusion, JED considère que la situation sécuritaire fragile, notamment en raison des conflits armés persistant à l’Est du pays, ne doit pas servir de prétexte aux autorités pour entraver le travail normal de la presse et imposer un régime de censure sur les médias
Parmi les recommandations faites au gouvernement, JED demande, notamment :
1. De lever toutes les mesures et décisions visant à restreindre la couverture médiatique du conflit armé de l’Est du pays ;
2. De respecter ses engagements nationaux et internationaux en matière des droits de l’homme et au respect des fondamentaux d’un Etat de droit ;
3. La poursuite devant la justice de tous ceux qui se livrent à des agressions, menaces et détentions arbitraires des journalistes ;
4. De retirer des lois toutes les sanctions pénales liées à des délits de presse ;
5. Que la critique contre le gouvernement ou les méthodes de gestion ne soit plus vue comme démobilisatrice ou contraires aux intérêts du pays