La République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une crise alimentaire d’une ampleur inédite. Selon les dernières analyses de l’IPC (Integrated Food Security Phase Classification), près de 25,6 millions de Congolais, soit environ un quart de la population, souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë sévère, plaçant le pays au bord de la catastrophe humanitaire.
Les conflits armés, les déplacements de populations, la flambée des prix des denrées alimentaires et les effets dévastateurs des épidémies successives sont les principaux facteurs à l'origine de cette crise. Les provinces de l'Est, en particulier le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l'Ituri, sont les plus touchées par cette situation, avec des millions de personnes déplacées qui luttent pour accéder à une alimentation suffisante.
Cette crise alimentaire est exacerbée par une insécurité alimentaire chronique qui affecte déjà une grande partie de la population. Les chocs climatiques, la dégradation des terres et l'accès limité aux services sociaux aggravent encore la situation, rendant les populations particulièrement vulnérables aux crises.
La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont également eu un impact significatif sur la sécurité alimentaire en RDC, en perturbant les chaînes d'approvisionnement et en entraînant une hausse des prix des produits de première nécessité.
Les projections pour les prochains mois sont alarmantes. L'IPC prévoit que la situation pourrait encore se détériorer, avec une légère augmentation du nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë d'ici juin 2025.
Pour faire face à cette crise humanitaire sans précédent, le rapport recommande des mesures urgentes telles que mettre fin aux violences et aux conflits, qui implique le rétablissement de la paix et de la sécurité pour permettre aux populations de retourner chez elles et de reprendre des activités génératrices de revenus. Également, le renforcement de l'aide humanitaire avec une mobilisation accrue de fonds pour fournir une assistance alimentaire d'urgence aux populations les plus vulnérables, notamment les personnes déplacées.
Aussi, l’amélioration de l’accès humanitaire reste cruciale afin de faciliter l'accès des organisations humanitaires aux zones touchées par les conflits pour leur permettre de porter secours aux populations dans le besoin, et le soutien aux mécanismes de contrôle des prix alimentaires tels que la mise en place de mesures pour réguler les prix des denrées alimentaires et faciliter l'accès des populations aux produits de base est indispensable.
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a fait un atelier, le 3 et 4 octobre dernier à Kinshasa, pour les travaux préparatoires en vue de la formulation de son Plan Stratégique Pays (PSP) 2026-2030, qui remplacera celui couvrant la période 2019-2025, au sujet de l’insécurité alimentaire.
Kuzamba Mbuangu