C’est dans une ambiance éclectique que l’Institut Français de Kinshasa a accueilli, mardi 22 octobre, une Critique Talk autour de l’exposition “Fragments” de la structure Mission Impossible Studio. Cette activité a donné lieu à des échanges entre le critique d’art Patrick Tankama, le curateur de l’exposition Jean Kamba, et l'un des artistes exposants, Syntyche Mbembo, sur l'histoire de l'art contemporain à Kinshasa, de 1996, avec la création du mouvement “Librisme”, à nos jours. Les discussions ont tourné autour des critiques constructives adressées à l'exposition « Fragments », questionnant le concept, la scénographie, le commissariat et la production.
« La discussion de ce soir a porté sur des interrogations. Est-ce qu’on peut faire autrement ? Est-ce qu’on peut mettre un cartel dans la salle qui explique ce que sont les œuvres et ne pas laisser cela à la fantaisie et au hasard de l’interprétation publique ? Moi, je me suis posé la question sur la pertinence de ce type de communication, et je trouve que finalement c’est un peu chaotique et laissé au hasard », a déclaré Patrick Tankama, critique d’art.
Et d’ajouter :
« Je pense que la scénographie présente quelques petites difficultés, notamment en ce qui concerne la communication de l’exposition. On m’a dit qu’une œuvre est déjà une communication, mais je pense plutôt qu’une œuvre d’art est avant tout une expression, c’est-à-dire qu’elle parle avec le cœur. Mais pour qu’elle s’adresse à l’intelligence, il faudrait qu’il y ait de la médiation, à mon sens, en utilisant un langage articulé pour s'assurer de bien communiquer. »
Dans un débat largement ouvert au public, les intervenants ont transcendé les frontières personnelles pour ne parler qu’un langage purement artistique. Ils ont, tour à tour, exploré l'art contemporain tel qu'il est pratiqué et perçu en RDC en général, et à Kinshasa en particulier.
Krithika ArtProjects est une initiative qui allie l’artistique et le scientifique en adoptant plusieurs perspectives, telles que : la recherche scientifique, l’organisation d’expositions, et l’accompagnement des artistes. Sa finalité est de créer un centre de recherche à Kinshasa, un lieu où artistes, intellectuels et théoriciens pourront converger pour réfléchir sur la scène artistique kinoise, congolaise, africaine, voire mondiale. Elle vise également à développer la critique d'art sur la scène culturelle congolaise.
Krithika se veut aussi un espace de conception et d’accueil pour les projets d’expositions d’art visuel, d’organisation de discussions artistiques, et d'expérimentations diverses. C’est un creuset où l’interdisciplinarité est célébrée, autant qu’un centre de recherche dans le domaine artistique. L'initiative se concentre également sur l’écriture, la restitution et la réparation de l’histoire de l’art du Congo.
Depuis le 10 octobre, la salle d’exposition de l’Institut Français de Kinshasa vibre au rythme de “Fragments”, une exposition d’art contemporain qui révolutionne la culture congolaise. Elle se poursuit jusqu’au 30 octobre. En s'appuyant, en filigrane, sur l'histoire de l'art contemporain à Kinshasa, cette exposition met en interaction les créations de divers artistes aux multiples casquettes, tels que : Francis Mampuya, Iviart Izamba, Stanis Mbwanga, Syntyche Mbembo, Christian Kakesse, Maïté Botembe, Bul's Bulembi, et Antalya Mbafumoya.
James M. Mutuba