“L'information est un levier essentiel pour l'autonomisation des femmes en RDC" (sociologue)

Photo/ droits tiers
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À l’occasion de la journée internationale du droit d’accès à l’information célébrée chaque 28 septembre, le DeskFemme d’Actualite.cd a rencontré Vincent Bauna, sociologue et assistant à l’université de Kinshasa. Il revient sur les enjeux liés à l’accès à l’information pour les femmes congolaises et les stratégies à mettre en place pour les encourager à s’approprier l’information et ainsi renforcer leur participation à la vie publique.

Pourquoi selon vous est-il important de mettre l’accent sur l’accès à l’information pour les femmes en RDC ?

Vincent Bauna : L’accès à l’information est un droit fondamental qui permet à chaque individu de prendre des décisions éclairées et de participer pleinement à la vie de sa communauté. Pour les femmes, en particulier, l’information est un outil d’autonomisation qui leur permet de sortir de l’isolement, de défendre leurs droits et de contribuer au développement du pays. En RDC, les inégalités entre les hommes et les femmes sont encore nombreuses, et l’accès limité à l’information constitue un obstacle majeur à l’égalité des genres. En disposant d’informations fiables et pertinentes, les femmes peuvent prendre des décisions éclairées concernant leur santé, leur éducation, leur vie professionnelle et leur engagement citoyen.

Quelles sont, selon vous, les principales difficultés auxquelles font face les femmes congolaises pour accéder à l’information ?

Vincent Bauna : Les difficultés sont multiples et complexes. On a entre autres l’analphabétisme, la pauvreté, les inégalités d’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC), les normes sociales et culturelles qui limitent l’autonomie des femmes, ainsi que la qualité et la pertinence de l’information disponible.

Quelles stratégies peut-on mettre en place pour améliorer l’accès à l’information des femmes ?

Vincent Bauna : Il faut :
- Lutter contre l’analphabétisme féminin en renforçant les programmes d’éducation et en proposant des formations adaptées aux besoins des femmes.
- ⁠Développer les infrastructures numériques dans les zones rurales et reculées pour réduire la fracture numérique.
- ⁠Produire et diffuser des contenus informatifs de qualité en langues locales et adaptés aux différents publics féminins en tenant compte de la réalité de chaque public.
- ⁠Sensibiliser les femmes sur leurs droits à l’information et les encourager à utiliser les outils numériques.
- ⁠Impliquer les hommes dans cette dynamique en les sensibilisant à l’importance de l’égalité des genres et en les encourageant à soutenir l’autonomisation des femmes.
- ⁠Renforcer les capacités des organisations de femmes pour qu'elles puissent mieux défendre les droits des femmes et promouvoir l'accès à l'information.
- ⁠Soutenir les initiatives des organisations de la société civile qui œuvrent pour l’accès des femmes à l’information. 
- ⁠Collaborer avec les médias, les ONG, les autorités locales et les entreprises pour diffuser l’information de manière plus équitable.

Comment les médias peuvent-ils contribuer à cet effort ?

Vincent Bauna :Les médias ont un rôle crucial à jouer en produisant des informations fiables et objectives sur les questions qui touchent les femmes. Ils doivent également promouvoir les initiatives qui visent à renforcer l’empowerment féminin et donner la parole aux femmes.

Comment l’accès à l’information peut-il favoriser la participation des femmes à la vie publique ?

Vincent Bauna: L’information est un levier essentiel pour renforcer l’empowerment des femmes. En étant mieux informées, les femmes peuvent :
- Mieux comprendre les enjeux politiques et sociaux
- ⁠Exprimer leurs besoins et leurs revendications
- ⁠Participer aux prises de décision au niveau local et national
- ⁠Devenir des modèles pour les générations futures


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka