L’image est saisissante. À 87 ans, Kasalu Jibikila Marthe, veuve du célèbre opposant Étienne Tshisekedi, se trouve au centre de l’échiquier politique. Assise, bras croisés, elle semble maîtriser la tempête qui agite l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Autour d’elle, deux factions rivales du directoire du parti, jusque-là prêtes à s’affronter, se taisent sous son autorité. La mère du président Félix Tshisekedi exerce une influence considérable, non seulement sur la vie de son fils, mais également sur la gestion de l’UDPS, le parti qu’il dirige. Gouverneurs, politiciens et hommes d’affaires se bousculent quotidiennement devant sa résidence de la 10ème rue Limete, à Kinshasa. Mais pour combien de temps encore cette trêve fragile tiendra-t-elle ?
« Je suis content et je dis merci à notre maman. Elle nous a réunis et nous a donné des conseils », confie Déogratias Bizibu, récemment désigné secrétaire général intérimaire par la Convention démocratique de l’UDPS. De son côté, Augustin Kabuya, secrétaire général contesté, exprime également sa gratitude à Marthe Tshisekedi : « Nous présentons nos excuses au chef de l’État et à maman Marthe pour les récents événements. Nous devons protéger notre pouvoir. »
La guerre de leadership au sein de l’UDPS
L'UDPS traverse une crise sans précédent sous la présidence de Félix Tshisekedi. La nomination de Déogratias Bizibu à la tête du parti pour une période de six mois a mis le feu aux poudres. Depuis, l'UDPS est déchirée entre les partisans de Bizibu et ceux de Kabuya, tous prêts à en découdre.
D’un côté, Bizibu annonçait avec assurance son intention de prendre ses fonctions dès le 7 septembre, au siège du parti à Limete. « Nous allons faire le travail sur le terrain », déclare-t-il sous les acclamations de ses partisans. De l’autre, Kabuya réunit ses fidèles pour préparer la riposte. « Nous allons nous défendre. Mobilisons-nous pour faire face à ces aventuriers », avertit-il, visiblement déterminé à ne pas céder.
Félix Tshisekedi : arbitre inquiet
Face à cette guerre fratricide, Félix Tshisekedi tente de calmer le jeu, tout en maintenant une posture de neutralité. Interrogé sur la crise au sein de l’UDPS, il parle de « vitalité démocratique ». Cependant, ses propos révèlent une certaine inquiétude : « Je ne veux pas que ça prenne des allures comparables à ce qu'on avait avec la force du Progrès. Je suis sûr que les choses vont rentrer dans l'ordre. »
Un parti au bord de l’implosion
Les tensions sont palpables. Le 6 août, des affrontements entre militants des deux camps ont éclaté devant le Palais du Peuple, faisant plusieurs blessés. Des pierres ont volé, des slogans ont fusé, avant que la police n'intervienne pour disperser les manifestants.
Si Marthe Tshisekedi a momentanément réussi à imposer le silence, la tempête gronde toujours à l’UDPS. Le parti est plus que jamais à la croisée des chemins, et l’avenir de cette formation, pilier de la scène politique congolaise, demeure incertain.