RDC : à la veille de la rentrée scolaire, les parents et élèves déplacés dans les tourments à Goma et environs

Le site des déplacés de Bulengo
Le site des déplacés de Bulengo

La rentrée scolaire 2024-2025 est prévue le 2 septembre prochain sur toute l’étendue de la RDC. Des inquiétudes se posent, cependant, au sujet de l’effectivité de cette activité dans la ville de Goma ainsi que dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu) qui regorgent un grand nombre des déplacés de guerre. Ces derniers ont fui les villages des territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, voire une partie de Lubero. Si certains parents d’élèves disent ne pas être prêts pour la prochaine rentrée scolaire, suite notamment à la crise économique, la situation est carrément pire pour les familles déplacées qui ont tout abandonné dans leurs milieux d’origine.

Dans les différents sites des déplacés situés dans et autour de Goma, les parents tout comme les élèves n’espèrent même pas renouer avec le chemin de l’école ce 2 septembre. 

« Suis déplacée venue de Kanyabayonga. Nous nous retrouvons au site de la 8e CEPAC Munigi. Je ne sais pas préparer la rentrée parce que je n'ai rien. Si les enfants vont étudier, ce sera grâce à Dieu. L'année passée, mes enfants n'ont pas étudié à cause de la guerre. Ils n'ont pas d'uniformes, des chaussures, des cahiers et autres fournitures. Ils n'ont même pas à manger. Comment vont-ils aller à l’école et qu'au retour, ils manquent à manger. J'ai quatre enfants et c’est seulement deux qui étudiaient avant la guerre. Nous demandons aux autorités de nous assister en vivres, de construire des écoles pour que les enfants puissent étudier. Mais la grosse demande, c'est de retourner chez nous », s’inquiète Aline Safari, déplacée croisée dans le camp de la 8e CEPAC de Munigi, dans le territoire de Nyiragongo. 

Malgré la situation de guerre, les enfants déplacés témoignent leur souci de rentrer à l’école au même titre que tous les autres élèves congolais. 

« On s'était déplacé quand j’étais en troisième année primaire. Actuellement, je n'étudie pas à cause de la guerre. Il n'y a pas de frais scolaires. Je veux qu'on m'achète les uniformes, les cahiers et les chaussures pour que je reprenne le chemin de l'école. Je veux étudier même ici. Mais, nous avons besoin de la paix chez nous », témoigne Sola, enfant déplacée, âgée de 11 ans, en provenance de Bukombo dans le territoire de Rutshuru.

Cette situation dure depuis plus de deux ans pour certaines familles ayant fui surtout le territoire de Rutshuru. Les déplacés en appellent à l’assistance du gouvernement et celle de ses partenaires. 

« Nous avons besoin de partenaires pour scolariser nos enfants. Ici, nous sommes démunis. L'année passée, plusieurs enfants ont été obligés de passer une année blanche. Ils n'ont donc pas étudié. Nous demandons au gouvernement de nous faire retourner chez nous parce que la vie dans les camps n'en est pas une. Nous souffrons beaucoup », exhorte Birima Jean-Christophe, déplacé en provenance de Kishishe (Rutshuru), et vivant actuellement dans le site de la 8e CEPAC Munigi. 

Le président du Parlement d’enfants au Nord-Kivu, Diego Amani invite pour sa part les autorités à tout mettre en œuvre afin que les enfants déplacés rentrent également à l’école à la date prévue.

Cette année, le gouvernement a dû annuler les frais de passation d’examen d’Etat pour tous les finalistes du Nord-Kivu, dont la plupart sont touchés par les violences armées et contraints de fuir leurs milieux d'origine.  

Jonathan Kombi, à Goma