Goma: la ministre des droits humains et les députés s’accordent sur l’urgence du désengorgement de la prison « Munzenze »

 Name Prison centrale de Goma
Munzenze : Prison centrale de Goma/Ph. droits tiers

Les détenus de la prison centrale de Goma, communément appelée « Munzenze » vivent, ces derniers temps, dans des conditions infrahumaines. Ils sont confrontés  au manque de nourriture, d'eau et même de soins de santé primaires. Cette triste réalité a été présentée, mardi dernier à la ministre des droits humains par les responsables de cette maison carcérale lors de la visite de cette déléguée du gouvernement central dans la région, qui vise également à se rendre compte des conditions des déplacés de la guerre d’agression qu’impose à la RDC, son voisin, le Rwanda, sous couvert du M23.

L’arrivée de la ministre des droits humains, Chantal Mwadianvita à la prison Munzenze avec une assistance en vivres apportée aux détenus a coïncidé avec la libération d’une dizaine des détenus pour des fins bénins, par le procureur général près la cour d’appel du Nord-Kivu, Elle a, à cette occasion, promis de parler de la question de l’accélération du programme de désengorgement des prisons, dont Munzenze, avec son collègue de la justice.

« La prison est vraiment surpeuplée. À la place de 350 places, on est dans les 4 350 détenus. C'est ça le problème partout. Il y a aussi le problème humanitaire, surtout les soins de santé suite à la surpopulation. Ce que je vais faire, je vais parler à mon collègue de la justice et à celui des affaires sociales pour trouver une solution. J'ai vu qu'il y a des enfants, des nourrissons qui accompagnent leurs parents. Nous allons les prendre en charge. C'est ça notre rôle. Le Chef de l'État nous a instruits pour rétablir la dignité des citoyens congolais. On ne peut pas rétablir la dignité dans la pauvreté. Vous avez vu les gens qui sont là. Ils ne vivent pas dignement. Donc, notre rôle c'est les amener à vivre comme les autres citoyens. Ils doivent manger. Ils doivent avoir un bon logement. Ils doivent avoir de l'eau potable. Notre gouvernement se bat pour ça. Le désengorgement, la libération de certains détenus que vient d'effectuer  le procureur général, c'est dans cette logique, la vision du Chef de l'État qui est la restauration de la dignité du peuple congolais » a dit la ministre des droits humains, Véronique Mwadianvita. 

Les députés nationaux Hubert Furuguta et Patrick Munyomo, tous deux, élus de Goma, ont indiqué qu’ils feront un suivi rigoureux de la commission mise en place afin d’étudier les dossiers de tous les détenus pour une éventuelle libération de certains détenus arrêtés pour des fins bénins ou qui n’ont jamais été informés du motif de leur arrestation.

« Nous saluons l'instruction du Président de la République et l'exécution de cette action par la première ministre qui a envoyé d'urgence la ministre des droits humains et avec le suivi du ministre de la justice, nous voulons que les prisonniers de Goma et de tout le Nord-Kivu soient mis dans leurs droits. C'est-à-dire, qu'ils soient suivis par les instances du pouvoir judiciaire. Et nous espérons que ce sera un signe, ça va continuer, le social, les soins médicaux et les droits des prisonniers vont être exécutés. C'est pour cela que nous avons parlé à l'assemblée et heureusement, nous les avons invités, ils sont là » a indiqué le député national Hubert Furuguta. 

Et au député national Patrick Munyomo de renchérir : 

« C'était l'occasion, parmi nos plaidoyers au niveau du gouvernement, de sensibiliser les membres du gouvernement à venir ici. Tous les élus de la province du Nord-Kivu, nous ne cessons de suivre de près les conditions de vie de nos prisonniers. Et à notre niveau, nous allons voir, ceux-là qui sont en train de croupir ici gratuitement, nous allons faire de notre mieux pour qu'on puisse les libérer. Et on vous confirme qu'avant la rentrée parlementaire, le ministre de la justice va venir à Goma ». 

Construite vers les années 50, avec une capacité d’accueil de 350 détenus, la prison centrale de Goma dite « Munzenze » héberge à ce jour près de 4 500 pensionnaires qui vivent dans de très mauvaises conditions.

Après avoir pris ses fonctions du ministre de la justice et garde des sceaux dans le gouvernement Judith Suminwa , Constant Mutamba a lancé, à partir de Kinshasa, le processus de désengorgement des prisons à travers la République. Après Kinshasa, où des centaines des détenus dont les dossiers sont vides ou dont les motifs de leur arrestation ne sont pas bien définies, ont été relâchés. Le patron de la justice a procédé à la même opération à Kisangani (dans la province de la Tshopo), lors de la commémoration, le 2 août dernier, du génocide congolais pour des gains économiques (Genocost). Constant Mutamba a promis de faire le même exercice dans toutes les prisons, sur toute l’étendue de la République, dans l’objectif de désengorger les maisons carcérales et aussi redonner de la dignité aux personnes ayant agi à l’encontre  des lois de la République. 

Jonathan Kombi, à Goma