La cité frontalière de Ishasha, à 60 Km de Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) est passée, dimanche 4 août 2024, entre les mains des rebelles du M23/RDF. Selon nos sources, les rebelles ont pris le contrôle de cette cité sans un seul coup de feu. La prise de cette entité, située à la frontière entre la RDC et l’Ouganda, intervient au lendemain de l’arrivée des rebelles à Kisharo et Nyamilima, deux autres entités stratégiques du groupement de Binza, chefferie de Bwisha, toujours dans le territoire de Rutshuru.
« Nyamilima est tombé ce samedi vers 13h et Ishasha, le lendemain, dimanche donc, vers 15h30. Comme ils sont entrés bonnement sans affrontements, la sécurité est un peu calme dans les deux jours. Pas des morts et pas des dégâts matériels. », témoigne un habitant de Nyamilima.
Vendredi, les rebelles du M23/RDF ont pris les localités de Kiseguro et Katwiguro où ils ont tué au moins cinq civils assimilés aux miliciens wazalendo.
« C'est depuis pratiquement une semaine que les rebelles tentaient de prendre Kiseguro mais ils se heurtaient à une résistance des wazalendo. Hier, ils ont débordé à partir de Nyabanira. Deux maisons ont été incendiées au niveau de Kiseguro. Six personnes ont été blessées et poursuivent des soins à Nyamilima. On a également signalé cinq morts au niveau de Katwiguro à la suite de l'explosion d'une bombe larguée par le M23. C'était près du centre de santé de Katwiguro. Pour ce matin, la situation est relativement calme. Les rebelles ont été de passage à Nyabanira, Kasave, Kiihito jusqu'à Kisharo. De là, ils ont avancé jusqu’à Nyamilima et Ishasha », témoigne également sous anonymat, un autre habitant de Binza.
Ishasha est le deuxième poste frontalier passé entre les mains du M23/RDF, après celui de Bunagana, depuis plus de 3 ans maintenant.
« Le gouvernement doit prendre au sérieux cette question. Le fait pour le M23 de prendre Ishasha démontre que le Rwanda n’a jamais joué un franc jeu. Même chose pour l’Ouganda. Tous les responsables du M23 sont logés en Ouganda. Et c’est à partir de là qu’ils vont également faire passer tout ce qu’ils pillent au Congo. Le gouvernement congolais doit se méfier de toutes ces terminologies de trêve humanitaire ou cessez-le-feu car ça constitue un moyen pour le M23 de se renforcer. Nous devons activer la réponse militaire pour libérer toutes les entités occupées par les rebelles », suggère Placide Nzilamba, secrétaire technique de la société civile du Nord-Kivu.
Les ministres des affaires étrangères de la RDC et du Rwanda et l'Angola se sont retrouvés la semaine dernière à Luanda autour du médiateur qui est le président angolais, João Lourenço pour des discussions de paix. Un cessez-le-feu a été décrété sur le terrain entre l'armée congolaise et le M23. Le cessez-le-feu est entré en vigueur ce dimanche 4 août 2024 à minuit et sera supervisé par le Mécanisme de Vérification Ad-Hoc renforcé par les experts du renseignement des trois pays et d'autres entités, est la résultante de la relance du processus de Luanda, que Kinshasa considère comme un mécanisme privilégié pour un retour à une paix durable.
Jonathan Kombi, à Goma