Les tensions diplomatiques entre le Burundi et le Rwanda ne cessent de s'amplifier en ce début de l'année 2024. À l’occasion de la cérémonie d’échanges de vœux avec le corps
Diplomatique et consulaire accrédité au Burundi samedi 3 février, Evariste Ndayishimiye Président du Burundi s'est montré une fois de plus très critique à l'endroit du régime de Paul Kagame.
M. Ndayishimiye accuse Kigali de soutenir le mouvement rebelle " Red Tabara" qui a endeuillé les Burundais en décembre dernier, le jour de Noel. Selon lui, le Rwanda recrute les terroristes dans le camp des réfugiés de Mahama, les entraîne, les entretient et les arme.
"Le Burundi n’a pas non plus été épargné par le terrorisme. Nous avons traversé l’année dans le deuil de nos enfants, nos mamans, nos frères et sœurs victimes d’une attaque terroriste dont la planification a été préparée de fond en comble dans le pays voisin, le Rwanda… Nous sommes d’autant plus stupéfaits du fait que ce pays voisin, le Rwanda, recrute les terroristes dans le camp des réfugiés de Mahama, les entraîne, les entretient et les arme, faisant obstruction des lois internationales en matière de la protection des réfugiés", a dénoncé Évariste Ndayishimiye dans son discours diffusé sur le site internet de la Présidence Burundaise.
Le Chef de l’Etat Burundais ajoute: "Il est écœurant de savoir que le commandement de ce groupe qui se trouve à Kigali collabore étroitement avec le commandement de l’armée rwandaise dans la planification des attaques terroristes".
Pour lui, la stabilisation de la paix reste autant une préoccupation dans la région. Il a rappelé qu’en 2023, le Burundi qui était à la tête de la Communauté Est Africaine a concentré ses efforts ainsi que de toute la région à la restauration de la paix et de la sécurité dans l’Est de la RDC.
"Nous sommes particulièrement consternés du fait que la région devient un fief des groupes armés et terroristes qui sèment la désolation ; ce qui ne peut en aucun cas nous laisser les bras croisés, d’où notre soutien à la RDC pour en découdre avec tous ces groupes terroristes. Nous sommes intervenus dans le cadre de la force régionale dont le mandat a pris fin à la fin de l’année. Aujourd'hui, certains pays de l'EAC interviennent dans le cadre de la coopération bilatérale en matière de défense commune, ici je cite le Burundi et l'Ouganda ; et d'autres collectivement comme les pays membres de la SADC ", a indiqué M. Ndayishimiye.
Après avoir accusé le Rwanda de soutenir un groupe rebelle qui a mené des attaques sur son sol, le Burundi a annoncé il y a quelques semaines la fermeture de la frontière avec son voisin. Selon le Burundi, le groupe RED-Tabara (Résistance pour un État de Droit au Burundi) a lancé une attaque le 22 décembre 2023 près de la frontière avec la République démocratique du Congo tuant 20 personnes, dont des femmes et des enfants. Le président burundais Évariste Ndayishimiye avait accusé le 30 décembre le Rwanda de soutenir les rebelles, des accusations démenties par Kigali.
Les relations diplomatiques entre le Burundi et le Rwanda ont souvent été tumultueuses. Une légère amélioration a été notée après l'arrivée au pouvoir d'Évariste Ndayishimiye en 2020, mais depuis quelque temps, les liens sont à nouveau tendus. Le Burundi avait déjà fermé sa frontière avec son voisin rwandais en 2015, les deux pays s'accusant mutuellement de soutenir des mouvements rebelles. La frontière avait été rouverte en 2022.
RED-Tabara, principal groupe armé combattant le régime dirigé par Évariste Ndayishimiye a une base dans la province du Sud-Kivu, à l'est de la RDC, et est aujourd'hui le plus actif des groupes rebelles du Burundi, avec une force estimée entre 500 et 800 combattants.
Clément MUAMBA