Kinshasa : Le Rond-point Kintambo Magasin, entre affichage électoral et décharge publique sauvage

 Entre Campagne électorale et négligence Urbaine au Rond-point Kintambo Magasin
Entre Campagne électorale et négligence Urbaine au Rond-point Kintambo Magasin

À l'entrée principale de la cité de l'Union africaine, résidence du président de la République démocratique du Congo à Kinshasa, le petit rond-point connu sous le nom de Kintambo Magasin se trouve engorgé par les affiches de campagne électorale. En parallèle, un amas d'ordures nauséabondes attire l'attention. Passagers, piétons, et même les agents de la police de circulation routière affectés à cet endroit endurent passivement cette situation désagréable, qui semble être le résultat d'un abandon des autorités urbaines en pleine campagne électorale.

Ce lieu, autrefois un véritable site touristique pour la ville de Kinshasa, est aujourd'hui transformé en une vaste décharge publique, déplorée par Josué, un résident du quartier.

"Cet endroit était admirablement aménagé par le passé, avec un jet d'eau et des jeux de lumière qui l'illuminaient, surtout le soir. Les gens venaient y prendre des photos en couple ou en famille. Aujourd'hui, le jet d'eau a été remplacé par cette poubelle, c'est déplorable", confie-t-il avec désespoir.

La prolifération des déchets à travers la ville est également attribuée à un problème de culture civique par Kabi, un jeune photographe présent sur les lieux.

"Les vendeuses de l'autre côté, sous les rails, jettent fréquemment leurs déchets ici, surtout la nuit. Les passants, au lieu de jeter leurs déchets dans des endroits appropriés, les laissent ici. Les poubelles de la ville semblent ne plus exister", explique-t-il.

De nombreux visiteurs pointent du doigt les autorités urbaines, dont Stéphane Bindanda, un habitué du lieu pour ses affaires quotidiennes.

"C'est une honte pour le gouvernement provincial. Il est inexistant. Le gouverneur de la ville et ses équipes doivent surveiller de près cette situation. Cet endroit, qui est un lieu de repos pour ceux qui attendent les bus de transport en commun, est devenu un dépotoir. Quelle impression cela donne-t-il aux visiteurs étrangers, surtout à un endroit fréquenté quotidiennement par le chef de l'État ?", s'interroge-t-il.

Stéphane Kitemona, vêtu d'un T-shirt d'un parti politique au pouvoir, se réfugie sous les arbres du rond-point Kintambo Magasin, à quelques mètres seulement de cette décharge informelle. Selon lui, le gouverneur de la ville et les bourgmestres, la plupart candidats aux prochaines élections, ont délaissé leurs responsabilités quotidiennes.

"La campagne électorale ne peut justifier l'abandon des responsabilités de la mairie. Les services courants existent. La ville est à l'abandon, et c'est inacceptable. Le gouverneur de la ville ternit l'image du chef de l'État. Il mène une contre-campagne en offrant des munitions aux politiciens en perte de vitesse", déclare-t-il, visiblement furieux.

Selon lui, les candidats devraient trouver ici un projet pour leurs mandats. "Le nettoyage de ces détritus nécessite de la main-d'œuvre. Ceux qui seront élus devraient plaider en faveur de l'emploi des jeunes désœuvrés qui se livrent à des actes de vandalisme dans toute la ville. Cette violence diminuerait si ces jeunes étaient embauchés pour de tels travaux, avec une rémunération à la hauteur", suggère-t-il.

L'insalubrité publique n'est pas le seul problème auquel Kinshasa est confrontée. La ville doit également faire face à l'impraticabilité des routes et aux embouteillages dus au manque de voies secondaires. Malgré les projets tels que "Kin Bopeto", "Kinshasa zéro trou" et "Tshilejelu" mis en place au cours des cinq dernières années par les gouvernements central et provincial pour résoudre ces problèmes persistants, la situation demeure inchangée.

 

Bruno Nsaka