La société civile forces vives de Salamabila, dans la province du Maniema, a décrété des journées ville morte le mercredi 1er et jeudi 2 novembre pour protester contre la réaffectation du capitaine Kengo Juge comme commandant de détachement à la société Strategos mining.
Selon le président de la société civile, Didas Bamavu, la réaffectation de cet officier militaire est "inacceptable" pour la population locale. Il est accusé de plusieurs méfaits, dont la facilitation de la présence illicite des militaires porteurs d'armes dans la concession de la société, le vol du patrimoine de la société et l'escroquerie des exploitants artisanaux.
La société civile craint que le retour du capitaine Kengo Juge à Salamabila ne conduise à la reprise des anciennes pratiques mafieuses.
"Si cela fait mal aujourd'hui dans la communauté, c’est parce que la mafia a élu domicile sous la gestion de la société Banro", a déclaré Didas Bamavu. "Mais quand des clauses ont été signées avec Strategos, ce capitaine n'était plus ici. Juste après les signatures, nous l’avons encore vu."
Le président de la société civile a appelé les autorités à désaffecter le capitaine Kengo Juge de Salamabila. L'officier a été réaffecté à Salamabila le 28 octobre dernier. Il était auparavant affecté à la société Banro, une autre société minière qui exploitait la même concession. La société Strategos mining n'a pas encore réagi à la protestation de la société civile.
Situation sécuritaire précaire dans la zone
En octobre dernier, les affrontements entre les deux factions de la milice Malaïka ont occasionné le déplacement de plusieurs ménages. La société civile locale a parlé de plus de 4500 ménages qui ont fui ces exactions pour se réfugier dans d’autres localités.
La signature du cahier de charges entre Strategos Mining et la communauté locale de Salamabila serait la pomme de discorde entre les deux factions de la milice selon Albert Katuta Wabulangi, administrateur de territoire de Kabambare.
Les deux factions belligérantes, dirigées par Mandevu et Kabala, ont convenu d'un cessez-le-feu le 20 octobre.
Contexte
Fin septembre 2023, la société minière Strategos et la communauté locale ont signé un cahier de charge. Ce dernier prévoit notamment la cession d'une partie du carré minier aux exploitants artisanaux, ce qui était une revendication de la communauté locale depuis plusieurs années. Cette situation avait conduit à des tensions et des violences entre la communauté locale et la société Banro, entraînant la fin de l'exploitation minière en 2017.
Depuis 2016, le sud de la province du Maniema est le théâtre d'activités de groupes armés, notamment la milice Malaïka, composée de populations autochtones. Cette milice a mené des attaques, des tueries et des enlèvements pour protester contre le non-respect du cahier des charges signé avec Namoya Mining, une filiale de la société canadienne Banro Corporation.
L'acquisition des actifs de Banro par Strategos avait été annoncée en mars dernier. Antérieurement, en juin 2020, le groupe Banro avait annoncé la vente de sa mine d'or de Namoya à Shomka Resources Ltd, dans laquelle la société chinoise Baiyin International Investments détenait une participation minoritaire.
Chadrac Londe, à Kindu