Kinshasa: Restitution des études complémentaires du projet « Autonomisation par la Valorisation de l’Entrepreneuriat Agricole et Rural sensible à la nutrition, inclusif et Résilient (AVENIR) » 

Les participants à l'atelier de restitution des trois études préalables au lancement du projet AVENIR
Les participants à l'atelier de restitution des trois études préalables au lancement du projet AVENIR

José Ilanga, secrétaire Général au ministère de l’Agriculture a lancé, mercredi 18 octobre, les travaux le l’atelier de restitution de trois études complémentaires réalisées dans le cadre du lancement du projet «Autonomisation par la Valorisation de l’Entrepreneuriat Agricole et Rural sensible à la nutrition, inclusif et Résilient » (AVENIR). Ces études sont un préalable au lancement dudit projet. Dans cette optique, le patron de l'administration de l’Agriculture a précisé quelques contours et les attentes de ces assises de deux jours.

« Il s’agit d’un projet financé par plusieurs bailleurs de fonds. Ici nous sommes dans le cadre de lancement des travaux préparatoires au lancement officiel et plus aussi dans la consolidation et validation des études qui ont été faites pour nous permettre effectivement d’avoir tous les contours du lancement de ce projet au niveau de ces 4 provinces. Il s’agit là d’un projet passerelle entre le secteur de l’agriculture qui vise la productivité, l’augmentation de la production, la diversification et le secteur de l’environnement qui, à son tour, vise la préservation des ressources naturelles renouvelables. C’est un projet très important et significatif pour les communautés rurales »,  a dit l’Ingénieur José Ilanga, Secrétaire général au ministère de l’Agriculture.

Présent à ces assises, le Docteur Valentine Achancho,  directeur et représentant pays du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA)  a brossé succinctement le parcours et d’autres contours du projet. Il s’est dit satisfait de son état d’avancement. Il croit qu’au mois de décembre, le projet pourrait être lancé.

Pour sa part, Jean-Marc Kadjo, responsable du pôle infrastructures et biodiversité de l’Agence française de développement (AFD ), a fait comprendre que son institution se tient aux côtés du Gouvernement de la RDC qui fait de la lutte contre l’insécurité alimentaire une priorité.  Il précise que la convention de financement de l’AFD a été signée en mars 2023 à l’occasion de la visite en RDC d’Emmanuel Macron, Président de la République Française. Il s’est agit là, poursuit-il, d’un « premier prêt concessionnel signé depuis 40 ans en RDC ». Il plaide pour la mise en œuvre rapide de ce projet « porteur d’espoirs » pour les populations concernées.

L’atelier de restitution des trois études complémentaires et préalables au lancement officiel du projet « Autonomisation par la Valorisation de l’Entrepreneuriat Agricole et Rural sensible à la nutrition, inclusif et Résilient » (AVENIR) à savoir: les infrastructures économiques permettant le désenclavement des bassins de production adjacents ; les capacités de production agro-sylvo-pastorales de l’agriculture familiale et les capacités de la Société civile organisée en milieu rural. 

Ces trois études, dont le résumé suit, ont permis de mieux caractériser l’approche du projet AVENIR en proposant comment s’assurer que les surplus de production de l’agriculture familiale permettent de répondre à la demande, notamment urbaine des produits agricoles, de manière inclusive et durable en renforçant la sécurité nutritionnelle et la souveraineté alimentaire du pays.

L’étude « infrastructures économiques » concerne sept pôles de développement économique (PDE) abritant chacun un marché de demi-gros (MDG) : Mushie et Oshwe (Mai Ndombe), Kikwit et MasiManimba (Kwilu), Katoi 316 (Kenge), Mbanza Ngungu et Lukula (Kongo Central). Cette étude révèle que les circuits commerciaux actuels sont très largement informels, diffus et peu organisés. Ce manque de rationalisation entre les acteurs de l’offre et ceux de la demande maintient des circuits commerciaux peu compétitifs et peu attractifs ; d’une part pour les commerçants pour lesquels l’alternative de commerce de produits importés s’avère plus intéressante et d’autre part pour les producteurs dont d’importants volumes peuvent demeurer invendus. Les conditions de mise en marché sont le plus souvent loin de répondre aux besoins des usagers, en termes d’infrastructures d’accueil (parkings), d’espaces disponibles pour les transactions commerciales, de stockage des produits, de circulation des biens et des personnes, d’hygiène et de sécurité. L’acheminement des produits agricoles, des marchés de collecte vers les marchés de demi-gros, ou d’accès aux zones de production posent d’énormes défis, que ce soit par voie terrestre ou fluviale.

L’étude propose les types d’aménagement nécessaires à affiner. En conclusion, il est nécessaire de mieux évaluer les volumes commercialisés, afin de dimensionner les infrastructures nécessaires et lier leur utilisation au versement d’une redevance par les usagers permettant aux municipalités d’en assurer la maintenance et la durabilité par des dispositifs de gestion interprofessionnelle appropriés garantissant aux usagers l’accès aux facilités logistiques, préservant la qualité des produits et permettant un accès aux informations commerciales. L’étude « bassins de production et filières » décrit les bassins de production alimentant les marchés, les centres d’incubation, les dispositifs de financement rural et les chaînes de valeurs agricoles. Il ressort que malgré de fortes potentialités agricoles des bassins de production, les exploitants font face à de nombreuses contraintes. Ainsi, il semble pertinent que le projet AVENIR mette en place une stratégie d’accompagnement touchant l’ensemble des maillons des chaînes de valeurs agricoles : i) la production en facilitant l’accès aux engrais de qualité et au matériel agricole, et en poursuivant les formations et démonstrations sur les bonnes pratiques agricoles et les innovations technologiques ; ii) la transformation en anticipant sur l’appui à la valorisation des surplus de productions après avoir identifié préalablement des marchés porteurs et en accompagnant les exploitants dans le développement de petites entreprises avec des appuis préférentiels aux femmes/jeunes et à leurs groupements (contrats entre réseaux de producteurs et opérateurs industriels/semi-industriels, accès aux marchés de demi-gros) ; iii) la commercialisation facilitée par le désenclavement des bassins de production (voir étude précédente) et l’organisation collective de la commercialisation et du stockage. Pour diminuer l’asymétrie d’information qui occasionne des distorsions de prix au détriment des exploitants, un système d’information des marchés devra permettre la diffusion en temps réel d’une information fiable.

L’étude « société civile rurale organisée en milieu rural » retrace le processus de consultation participative et les conclusions qui en découlent. Les fédérations du Maï-Ndombé (FOPAM), du Kwilu (FOPAKKM), du Kwango (FEPPAKWA) et du Kongo Central (FOPAK) ont organisé des ateliers sur deux journées en jouant un rôle d’espaces d’échanges entre acteurs organisés du monde rural. Le diagnostic confirme que les plateformes nationales (CONAPAC, COPACO, RENAFER, ANAPAC…) en orientant le rôle des Organisations paysannes (OP) qu’elles encadrent et représentent, jouant ainsi un rôle déterminant d’interfaces entre les interventions des projets et la société civile organisée en milieu rural : elles renforcent leurs capacités avec des services ciblées et portent sur la scène nationale et sous-régionale des propositions dans le dialogue politique agricole avec les autorités. Au niveau provincial, l’étude montre la différence de maturité des fédérations provinciales ce qui plaide pour une approche différenciée tout en facilitant les échanges de pair à pair.

L’étude propose de regrouper autour de cinq aires thématiques les OP de base en fonction du mandat qu’elles se sont donné – production et solidarité, appui-conseil technique, services marchands en amont et en aval de la production, gestions des biens communs ruraux, et enfin contributions aux dialogues politiques du secteur agro-sylvo-pastoral. Chaque organisation améliorera l’impact de son action pour ses membres, évoluera en fonction du contexte et pourra s’engager dans de nouveaux dispositifs, comme des plateformes interprofessionnelles. Ceci nourrira les dynamiques provinciales et nationales pour porter la voix et les revendications de la société civile organisée en milieu rural pour un meilleur impact des interventions et une amélioration des revenus agricoles et ruraux. Pour rappel, le projet AVENIR sera mis en œuvre sur une période de 7 ans (août 2023-juillet 2030) dans les quatre provinces entourant Kinshasa (Kongo Central, Kwango, Kwilu, Mai-Ndombe) et la périphérie de Kinshasa. Les interventions bénéficieront à 450 000 ménages ruraux, soit 2,6 millions de personnes. Au moins 50 % des femmes et au moins 50 % des jeunes seront ciblés. Le Projet vise à augmenter, à hauteur de 30%, les revenus de 80% des producteur·rices des zones d’intervention, avec une augmentation de 30% des rendements des principales spéculations, tout en assurant que 50% des ménages a amélioré sa sécurité nutritionnelle ; il vise aussi à réhabiliter 670 km de pistes rurales et 15 ports fluviaux et à moderniser 21 marchés territoriaux existants pour permettre une augmentation de 30% de la commercialisation des excédents agricoles, portée par 8 500 initiatives d’entreprenariat rural et agricole, principalement conduites par des organisations de producteur·rices (coopératives), des femmes et des jeunes qui auront été soutenues dans les différentes chaînes de valeur agricoles (dont 30% à haute valeur nutritionnelle).

Le coût total est estimé à 213,5 millions d’USD. Les sources de financement sont les suivantes : i) le FIDA pour 45,2 millions d’USD (21,2%), dont les allocations SAFP pour 40,7 millions d’USD et MARE pour 4,5 millions d’USD; ii) l’AFD pour 50 millions d’EUR (53,5 millions d’USD, 25,1%), mobilisés à 80% sur prêt souverain concessionnel et à 20% sur subvention ; iii) le gouvernement de la RDC pour 19,0 millions d’USD (8,9%); iv) les bénéficiaires pour 38,8 millions d’USD, dont 31,9 millions d’USD par l’intermédiaire d’institutions financières sous forme de prêts (14,9%) et d’autofinancement pour 6,9 millions d’USD (3,2%); le Fond pour l’Environnement Mondial (FEM8 en cours d’instruction) pour un total de 17,52 millions d’USD (8,2%) (dont Ecosystem restoration pour 10,66 millions d’USD et Critical Forest biome pour 6,86 millions US$) et vi) un déficit financier de 39,58 millions d’USD (18,5 %) qui pourrait être couvert par la prochaine allocation du SAFP 2025-2027 du FIDA ou par d’autres cofinancements.