RDC : le gouvernement présente le volume 2 du "Livre Blanc" sur la tragédie humanitaire ainsi que les dégâts, pertes et manques à gagner causés par l'agression rwandaise via le M23

Des déplacés exigent l'aide du gouvernement
Des déplacés exigent l'aide du gouvernement

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a procédé jeudi 14 septembre 2023 à la présentation du volume 2 du "Livre Blanc" sur la tragédie humanitaire ainsi que les dégâts, pertes et manques à gagner qui, en réalité, constituent des dommages subis par la République Démocratique du Congo à la suite de l'agression continue du Rwanda.

Devant la presse, membres du gouvernement, des ambassadeurs accrédités en RDC et des parlementaires, la ministre d'État, ministre de la justice et de garde des sceaux, Rose Mutombo, et Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, ont rappelé que le but visé par ce pays voisin consiste à maintenir l'instabilité dans la partie Est pour poursuivre le pillage systématique ainsi que l'exploitation illicite des ressources naturelles, avec la complicité des groupes armés dont les rebelles du M23.

"Dans le document que nous vous présentons sans être exhaustif, nous vous résumons, en huit chapitres, une situation connue déjà mais pour laquelle nous n'avons pas encore apporté les réponses que cela requiert tant au plan humanitaire, sanitaire, scolaire, social, économique ou même électoral. Au-delà de la tragédie humanitaire, avec plus de 2,3 millions de déplacés et les conséquences que cela fait courir, avec la déforestation et la pression pour la recherche des bois de chauffage pour ces populations déplacées", a fait remarquer Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement jeudi 14 septembre 2023.

Et de poursuivre :

"La scolarité de plus de 200.000 enfants est compromise, les écoles ont été désertées, certaines occupées, d'autres ont été carrément détruites et incendiées. Les dommages causés sur le parc de Virunga, patrimoine protégé de l'humanité, sont incalculables et peuvent nécessiter d'après les experts une bonne dizaine d'années pour sa réparation. Le coût quotidien de cette occupation est lourd, il est constitué des pertes énormes au Trésor public provincial et national. Rien qu'avec le poste frontalier principalement de Bunagana et d'Ishasha c'est plus d'un million USD de manque à gagner chaque mois".

Le gouvernement de la RDC a démontré sa posture de ne rien jeter dans la corbeille de l'histoire et a appelé à plus de sanctions contre les agresseurs, à travers ce document.

"Nous avons apprécié récemment les prises de positions de l'Union européenne et du gouvernement américain qui ont sanctionné deux officiers rwandais, c'est un bon début et cet effort doit se poursuivre à la lumière du rapport du groupe d'experts de l'ONU pour sanctionner tous les officiers qui agissent pour continuer à semer l'insécurité et la terreur dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Les crimes sont tellement bien étayés par différents rapports notamment celui de Human Right Watch qui documente de façon détaillée la nature des actes et des horreurs commis dans cette partie du pays sur des populations innocentes" à dénoncé Patrick Muyaya

Et d'ajouter :

"Les condamnations unanimes de cette agression et la persistance de la violence devraient conduire à des actions plus vigoureuses de nos pays partenaires notamment avec des sanctions et d'autres mesures restrictives. Nous sommes donc à travers la présentation de ce nouveau document contre l'oubli, nous ne pouvons pas oublier pour nos frères décédés, compatriotes massacrés, toute cette horreur et que ceci ne peut se terminer véritablement sans que la justice ne puisse sévir".

CPI et la Cour Africaine des Droits de l'homme déjà saisies

Dans son intervention, la ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Rose Mutombo, est revenue sur les différentes démarches menées par la RDC sur le front judiciaire. Une plainte a été déposée au niveau de la Cour Pénale internationale contre les auteurs des crimes commis par les M23-RDF à l'est du pays. Une autre plainte a été également déposée à la Cour Africaine des Droits de l'homme.

"Il faut noter qu'au vue du statut de Rome, ce renvoie de la RDC sera apprécié que sur base de tous les crimes commis sur et par toutes personnes indépendamment de sa nationalité, y compris les officiers rwandais identifiés comme auteurs desdits crimes seront bel et bien poursuivis. Le 15 juin 2023, la Cour a désigné la Chambre préliminaire qui va examiner les dossiers, la procédure suit son cours normal à ce jour. Le 21 août 2023, la RDC a déposé une autre plainte devant la Cour Africaine des Droits de l'homme et nous attendons que cette affaire puisse être fixée pour que les procédures commencent normalement. Le 22 août 2023, le greffier de cette juridiction de la Cour Africaine des Droits de l'homme a accusé réception de la requête de la RDC. D'autres procédures que je ne peux pas encore détailler ici sont également en cours", a-t-elle complété à la suite de son collègue Patrick Muyaya.

À l'heure actuelle, les déplacés de la guerre d'agression imposée à la RDC par le Rwanda, sous couvert du M23, cantonnés dans plusieurs camps, tout autour de Goma (Nord-Kivu), parcourent des moments difficiles en cette période pluvieuse. Leurs abris sont dans un état de délabrement très avancé. Les eaux de pluie inondent les abris et poussent plusieurs ménages à passer la nuit à la belle étoile.

Clément MUAMBA