Mukwege critique la désignation du général Nduru à la tête des opérations au Nord-Kivu: « le changement de paradigme n’est pas prêt de se réaliser avec Tshisekedi, ses paroles et actes se contredisent chaque jour »

Une parade de l'armée dans la zone d'opération à Beni/Ph ACTUALITE.CD

Le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege n’a pas apprécié positivement la désignation du général Nduru Chaligonza comme commandant des opérations au Nord-Kivu en remplacement du gouverneur militaire Constant Ndima qui assurait en même temps cette fonction. « Un ancien rebelle est remplacé par un ancien rebelle », s’exclame Denis Mukwege selon qui, « les victimes et les communautés affectées par des décennies de conflits [espéraient sous le régime Tshisekedi], la politique immorale de promouvoir des anciens chefs rebelles allait prendre fin ».

M. Mukwege rappelle que le général Chaligonza est un ancien membre du RCD/K-ML et ex-UPC, un proche de Thomas Lubanga et Bosco Ntaganda, tous deux poursuivis et jugés par la Cour pénale internationale (CPI). « Il [Chaligonza] a été cité plusieurs fois dans les arrêts de la CPI contre ces deux chefs de guerre », dit Denis Mukwege.

Pas de changement de paradigme

Pour le gynécologue de Panzi, la nomination d’anciens rebelles à de hautes fonctions au sein de l’armée est signe de « mépris pour la justice et pour les victimes ».

« Après la nomination de Bemba et Nyamwisi au gouvernement, cette nouvelle nomination d’un ancien rebelle à un poste stratégique démontre à l’opinion publique que le changement de paradigme n’est pas de se réaliser avec l’administration Tshisekedi. Les paroles et les actes de ce dernier se contredisent chaque jour mettant en péril la nation congolaise et les chances de redresser le pays », souligne-t-il.

Le général Nduru Chaligonza qui est déjà chef d’état-major de l’armée chargé des opérations remplace le général Constant Ndima rappelé à Kinshasa pour consultation après le carnage opéré par l’unité de la Garde République à Goma contre des civils qui projetaient une marche pour exiger le départ de la Monusco et de la force régionale de l’EAC. Au moins 51 civils tués et des dizaines gravement blessés.  « Notre inquiétude s'accroît face à la gravité de massacre commis par l’armée qui demeure trop souvent une menace pour la population, tant elle est infiltrée par les agresseurs et contribue à la pérennisation d’une économie de guerre dans les provinces de l’Est », conclut Denis Mukwege.