Alors que la nation est frappée par un massacre de 51 civils, selon le bilan officiel, tués le 30 août dernier par l’armée, les autorités n’ont toujours pas pensé à une seule journée de deuil en mémoire des victimes. Ces dernières sont par contre accablées par les autorités depuis le début des évènements. Mercredi, le VPM, ministre de l'intérieur et sécurité Peter Kazadi a accusé les victimes d’avoir "marché contre la loi".
"L'état de siège interdit toutes manifestations publiques de cet ampleur là, rien qu'avec ça on devait clore le débat. Ils ont marché contre la loi, ils sont à la base de ce qui se passait ce que vous avez appelé boucherie humaine. Pour cela ils doivent aussi être jugés autant que des militaires qui ont dérapé, c'est ce qu'on appelle aussi état de droit et la justice", a souligné Peter Kazadi au cours d’un briefing avec la presse.
Au lendemain des tueries, le gouvernement avait déjà accusé les manifestants d’avoir "mené des actions qui ont porté atteinte à l’ordre public" qui avaient entraîné "une intervention des forces de l’ordre pour restaurer la quiétude et la sérénité dans la ville".
L’armée avait tiré sur des dizaines de civils qui avaient projeté une marche contre la Monusco et la force régionale de l’EAC à Goma. Selon le bilan officiel, 51 personnes sont mortes et des dizaines gravement blessées. Le bilan pourrait être plus lourd, d’après plusieurs sources locales.
A la suite de ces évènements, la cour militaire de Goma a ouvert un procès contre six militaires dont deux hauts gradés accusé notamment de "crime contre l’humanité par meurtre".
Récupération politique
Sous pression, le gouvernement se montre hostile à toute critique de ce carnage et ne cesse de dénoncer une "récupération politique".
"Il y a toujours une mauvaise interprétation de ce que nous disons. Par exemple, j'ai vu des réactions quand on a sorti le premier communiqué de certains laboratoires parce qu'il y a visiblement une récupération politique qui est faite sur des cas d'incidents qui peuvent arriver", a pour sa part dit le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
En date du 30 août dernier, une intervention militaire avait entraîné de nombreuses victimes à Goma. Cette intervention s'était déroulée lors d'une manifestation organisée par la secte messianique Uwezo wa Neno/Wazalendo, protestant notamment contre la présence de la MONUSCO et de la force de l'EAC en République démocratique du Congo.
Clément MUAMBA