Au moins deux semaines nous séparent de la rentrée scolaire 2023-2024 en République Démocratique du Congo. Les élèves qui se trouvent dans des zones sous contrôle de la rébellion du M23 ont déjà passé deux ans sans étudier depuis le début de la guerre dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, au Nord-Kivu. A en croire la société civile du territoire de Masisi, les salles de classe ont été saccagées lors des attaques rebelles.
“Dans notre Masisi, on enregistre des affrontements chaque jour et cela occasionne les déplacements de la population qui était déjà retournée depuis le cessez-le-feu. Parmi ces déplacés, les écoliers et élèves. Nous sommes à quelques jours de la rentrée scolaire, nous n’avons aucune communication du ministre de l’éducation. Les enfants qui sont restés dans les zones sous contrôle de la rébellion vont étudier comment ?”, s’interroge Télesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile de Masisi.
Même ceux qui sont dans des camps de déplacés ne sont pas rassurés quant à la rentrée scolaire de cette année.
“Nous sommes là, les jours passent et nous ne savons pas quoi faire. Il est d’ailleurs difficile pour nous de trouver quoi manger, vous pensez que nous pouvons trouver de l'argent pour payer les études et même acheter les objets classiques ?”, avance un déplacé de Rugari, dans le Rutshuru, qui est à Goma depuis décembre 2022.
Les enseignants, réunis dans différents syndicats au Nord-Kivu, plaident également pour le retour de la paix dans les zones occupées par la rébellion afin de permettre l’eexercice de leur profession.
“Nous demandons à l’Etat congolais de restaurer la paix dans les zones sous contrôle des rebelles avant la rentrée, nous ne voulons pas mettre la vie des enseignants en danger”, indique Fidèle Byuma, président de l’association des enseignants du Congo.
C’est depuis l’année scolaire 2021-2022 que les élèves des territoires de Rutshuru, Masisi et une partie de Nyiragongo n’étudient pas suite aux affrontements entre les rebelles du M23 et les forces loyalistes. Plusieurs écoliers, élèves et étudiants s’étaient dirigés dans la ville de Goma où ils se retrouvent dans des camps des déplacés, dépourvus de moyens pour intégrer les écoles et universités de la ville volcanique.
Selon nos sources, les représentants des étudiants ont déjà rencontré le gouverneur militaire du Nord-Kivu afin de résoudre ce problème mais jusqu’ici aucune réponse de l’autorité. Dans un communiqué rendu public le 1er août 2023, la rébellion du M23 a annoncé la rentrée scolaire 2023-2024 dans les zones sous son occupation. Elle demande aux enseignants et aux parents de bien se préparer pour la rentrée scolaire.
Yvonne Kapinga, à Goma