Le Chef du gouvernement Sama Lukonde a procédé ce mercredi 16 août au Palais du Peuple à la clôture de la table ronde sur l'état de siège en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Durant trois jours, les participants aux travaux à savoir, des membres du gouvernement, des députés nationaux et sénateurs, les présidents des assemblées provinciales et leurs adjoints, les gouverneurs civils remplacés par les militaires, les dirigeants de la FEC, les dirigeants de la société civile, etc ont réfléchi sur les forces, les faiblesses, et les autres contours de l'état de siège en vue d'éclairer et d'orienter la décision du président de la République sur son maintien, sa requalification ou sa levée pure et simple.
À l'issue des travaux, il ressort que la majorité des participants soutiennent l'option de la levée de l'état de siège après plus de deux ans sans résultats escomptés. Ils attendent du Chef de l'État la matérialisation de cette option.
"Nous avons travaillé dans trois commissions, elles ont traité des questions différentes. Il y avait trois thèmes qu'il fallait développer en soutenant ou en proposant des arguments qui soutiennent ces thèmes-là. Il y avait ceux qui étaient pour le maintien de l'état de siège, il y avait ceux qui étaient dans la commission requalification de l'état de siège et la commission levée de l'état de siège. Lors du déroulement des travaux quand nous avons fait la plénière de restitution il s'est observé que la deuxième commission s'est dissoute en disant qu'il n'y a pas moyen de faire la requalification de l'état de siège parce que c'est une option qui n'a pas un soubassement juridique et sur ce, ils ont viré leurs arguments dans la commission levée de l'état de siège. Il s'est observé qu'il y a deux commissions maintien et levée de l'état de siège", a expliqué à ACTUALITE.CD John Bayenye, président de la société civile du Nord-Kivu.
Et de poursuivre :
"C'est la commission levée de l'état de siège qui avait plus de participants et c'est cette commission qui avait beaucoup d'arguments solides et fondés et ils ont suivi la voie de la population pour dire l'état de siège c'est une mesure exceptionnelle, mode de gouvernance qui ne devrait pas durer longtemps. L'état de siège a fait 27 mois dans les deux provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu mais jusqu'aujourd'hui la paix est loin d'être recouvrée sur terrain. Au lieu que la situation sécuritaire s'améliore au contraire elle ne fait que s'empirer".
Arrêter de punir la population
Se référant à la constitution, John Bayenye a rappelé qu'il revient au Président de la République de jouer son rôle d'assurer la sécurité des congolais dans tous les coins du pays.
"Les populations de ces deux provinces considèrent qu'elles sont maintenant dans une punition. Comment expliquer que les autorités doivent continuer à maintenir un système qui n'a pas donné des résultats escomptés? Je crois qu'il est encore temps pour les autorités du pays plus précisément le Chef de l'État qui est le garant de la nation de prendre des dispositions utiles afin que ces populations puissent aussi recouvrer la paix et la sécurité qui est un droit pour elles", a-t-il fait savoir.
Même son de cloche du côté de l'Ituri. Le député provincial Lopa Koli Christophe espère que le Président de la République qui prône " le peuple d'abord" va écouter la voix de la majorité qui souhaite la levée de cette mesure.
"Lors de la présentation des rapports, à 90% les gens qui étaient dans la salle ont souhaité la levée immédiate de l'état de siège. Avec l'état de siège, il y a eu encore naissance d'autres groupes armés et puis la population vit encore les tueries, incendies des véhicules, la vie est devenue très difficile. Le chef de l'État dans ses discours parle toujours du peuple d'abord et le peuple de l'Ituri et du Nord-Kivu demandent la levée pure et simple de l'état de siège", a-t-il indiqué à ACTUALITE.CD.
Manipulation
Lors de la plénière de présentation des différents rapports des travaux, une poignée des participants a souhaité le maintien de l'état de siège. Qui sont derrière cette frange? Lopa Koli Christophe répond :
"Nous avons aussi fait ce constat, ce n'est pas quelque chose à cacher, certaines personnes qui ne pouvaient pas être avec nous ici mais ils sont arrivés au nom de la société civile. Clairement nous voyons qu'ils ont été envoyés juste pour dire le contraire du souhait et de la volonté des peuples de l’Ituri et du Nord-Kivu. Tous, pourquoi ils veulent s'éterniser dans ce qu'on appelle état de siège, ça attire l'attention de tout le monde, ça veut dire qu'il y a quelque chose qui le pousse à ne pas vouloir la levée de l'état de siège", a soutenu celui qui est également président du caucus des élus provinciaux du territoire de Djugu.
Après la clôture des travaux, la balle est désormais dans le camp du Chef de l'État censé décider en dernier ressort sur l'avenir de cette mesure d'exception en vigueur depuis deux et quelques mois.
Clément MUAMBA