La table ronde sur l'état de siège ouverte par le Chef de l'État Félix Tshisekedi suscite des réactions dans l'environnement sociopolitique congolais. Des mouvements citoyens dont Lucha, Filimbi, Urgences Panafricaniste et des groupes de pression disent s'attendre à la levée de cette mesure d'exception à l'issue de ces travaux de trois jours (du lundi 14 août au mercredi 16 août).
Ces mouvements mentionnent le fait que le simple fait de lever l'état de siège ne signifie pas le rétablissement de la paix et de la sécurité au Nord Kivu et en Ituri. Ainsi, ils proposent les mesures alternatives suivantes pour pacifier, stabiliser et relancer les deux provinces:
• Relancer les opérations militaires de grande envergure contre les M23/RDF, les ADF, les CODECO et d'autres groupes armés en prenant préalablement le soin d'extirper les officiers et les militaires soupçonnés de violations graves des droits humains, de collisions avec les groupes armés et de trafics divers et en allouant des moyens financiers et logistiques conséquents auxdites opérations ;
• Mettre immédiatement un terme aux opérations militaires et à la présence de la force de l'East African Community (EAC) qui cohabite avec le M23/RDF au lieu de les combattre et accélérer le processus de retrait de la MONUSCO dont le mandat, peu adapté, lui a conféré le rôle d'observateur face à la commission des crimes les plus odieux;
• Mettre en œuvre de toute urgence le Programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRC-S) afin de donner une voie de sortie efficace et sûre aux combattants des groupes armés locaux qui déposent les armes. Tommy Tambwe, doit immédiatement être remplacé par des animateurs sérieux et crédibles;
• Tout en saluant la tenue des commémorations officielles des victimes du Genocost (le Genocide des Congolais), nous exigeons que, sans délais, le conseil de sécurité des Nations Unies soit saisi par l'État pour demander la création d'un tribunal pénal spécial pour la RDC ou d'un mécanisme internationalisé équivalent afin de juger les principaux auteurs, congolais et étrangers, des crimes graves commis en RDC depuis 1990, y compris ceux documentés dans le rapport du projet Mapping des Nations Unies;
• Mettre en œuvre un programme d'allégement fiscal et de relèvement économique dans les provinces concernées par l'état de siège afin de relever l'économie locale très affectée depuis des années par ces violences armées. À cet effet, l'ouverture de la route nationale N°2 est une urgence afin de relancer le trafic des personnes et les échanges commerciaux dans la province du Nord-Kivu;
• Répondre aux exigences et aux revendications de la classe politique et de la société civile/mouvements citoyens/groupes de pression quant à la régularité, la transparence, la crédibilité et l'inclusivité du processus électoral en cours, afin de mettre fin aux crises récurrentes de légitimité qui ont des conséquences graves sur notre sécurité et notre souveraineté. A ce sujet, nous nous opposons âprement à toute idée d'organiser les élections sans les circonscriptions électorales du Masisi, de Rutshuru et du Nyiragongo, actuellement occupées et contrôlées par les agresseurs du M23/RDF ;
• Poursuivre et accélérer le processus de réforme substantielle de l'armée et des services de sécurité (notamment le vetting du commandement, les moyens logistiques, l'amélioration des soldes et des conditions sociales des militaires et de leurs dépendants, le renforcement de la discipline, les recrutements efficaces et programmes, la construction de casernes et d'écoles militaires modernes,...) afin de construire une armée républicaine, professionnelle et capable de protéger les Congolais es, leurs biens ainsi que le territoire;
• Allouer une assistance humanitaire conséquente et complète d'urgence aux millions de Congolaises vivant dans les camps de déplacés au Nord-Kivu et en Ituri en attendant leur retour définitif dans leurs milieux d'origine après le rétablissement de la paix et la sécurité;
• Identifier et poursuivre sans complaisance tous les auteurs intellectuels et non intellectuels ainsi que les complices de ces groupes armés peu importe leurs rangs, et les traduire devant la justice pour briser la culture de l'impunité qui gangrène la société congolaise et encourage la répétition des crimes.
Les gouverneurs civils en congé, un échantillon des députés provinciaux et nationaux, les présidents des assemblées provinciales, les membres du gouvernement, entre autres participent à ces assises. Ils vont réfléchir pendant trois jours sur les forces, les faiblesses, et les autres contours de l'état de siège en vue d'éclairer et d'orienter la décision du Président de la République sur son maintien, sa requalification ou sa levée pure et simple.
Clément MUAMBA