Table ronde sur l'état de siège: plus de deux ans après, Tshisekedi rassure toujours que "ce régime exceptionnel n'a pas vocation à s'éterniser" 

Evaluation de l'état de siège
Evaluation de l'état de siège

Le Chef de l'État Félix Tshisekedi a lancé officiellement ce lundi 14 août 2023 les travaux de la table ronde sur l'état de siège encore en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Durant 3 jours, les participants aux travaux à savoir, des membres du gouvernement, des députés nationaux et sénateurs, les présidents des assemblées provinciales et leurs adjoints, les gouverneurs civils remplacés par les militaires, les dirigeants de la FEC, les dirigeants de la société civile, etc réfléchissent sur les forces, les faiblesses, et les autres contours de l'état de siège en vue d'éclairer et d'orienter la décision du président de la République sur son maintien, sa requalification ou sa levée pure et simple.

Dans son discours d'ouverture, le Président Félix Tshisekedi s'est montré rassurant tout en rappelant à l'assistance que cette mesure d'exception n'a pas pour vocation de s'éterniser dans les deux provinces concernées.

"Je suis conscient de ce que ce régime voulu exceptionnel par le constituant n'a pas vocation à s'éterniser. En effet, au-delà du fait qu'il demeure le cadre approprié compatible avec la nature des opérations déployées pour mieux affronter les ennemis de la paix, l'état de siège impose aux populations de l'Ituri et du Nord-Kivu en dépit de ses résultats encourageants de consentir à des sacrifices qui affectent leurs modes de vie habituelle. À ce propos, des rapports des missions d'évaluation de l'état de siège effectuées par le gouvernement ont mis en lumière quelques atermoiements et autres divergences quant aux effets durables de ladite mesure pour lesquelles des recommandations ont été formulées", a indiqué le Chef de l'État Félix Tshisekedi devant l'assistance.

Et de poursuivre :

"C'est pourquoi, tout en saluant les efforts inlassables et louables de nos forces de défense et de sécurité ainsi que de tous les acteurs engagés dans la mise en œuvre de ce dispositif, je n'ai pas hésité un seul instant à accorder toute mon attention aux opinions manifestées par les différentes couches politiques sociales, économiques et sécuritaires des provinces concernées par l'état de siège".

M. Tshisekedi justifie jusque-là le maintien de cette mesure d'exception dans ces deux provinces par le seul but de rétablir la paix et d'amorcer enfin son processus de développement.

"Après avoir dûment informé la nation par mon adresse, j'avais activé ce dispositif constitutionnel avec l'engagement et la détermination d'endiguer ces graves menaces et de sécuriser les populations et leurs biens. Le tout dans le seul but de rétablir la paix qui soit durable en vue de stabiliser cette partie du territoire national longtemps en proie à des conflits et d'amorcer enfin son processus de développement au même titre que toutes les autres provinces de notre pays", a souligné Félix Tshisekedi.

Et d'ajouter :

"C'est dans ce sens qu'il faut comprendre le maintien à ce jour de cette mesure exceptionnelle. Ceci notamment à travers ces prorogations successives et les missions d'itinerances initiées en collaboration avec le gouvernement s'inscrivant dans une perspective de consolider les acquis des opérations militaires et de poursuivre les actions d'envergures engagées en vue de mettre fin au terrorisme et de restaurer l'autorité de l'État dans nos provinces"

À moins de six mois de la tenue des élections, des acteurs politiques attendent voir cette mesure levée pour bien se lancer dans les activités politiques (dépôt des candidatures et campagne électorale) qui selon eux, pendant l'état de siège ne sera pas facile.

Cette mesure exceptionnelle est décriée par plusieurs acteurs sociopolitiques de ces deux entités faute de résultats sur le terrain. Les violences armés perpétrées par les forces négatives ne font que s’accentuer.

L'état de siège est en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu depuis mai 2021. Sur terrain, des voies se sont élevées à plusieurs reprises pour exiger la levée de cette mesure qui n’a fait qu’aggraver la crise sécuritaire. Cette mesure d'exception a coïncidé avec la résurgence de la rébellion du M23 qui occupe des agglomérations dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi au Nord-Kivu. Toutes les initiatives militaires pour défaire cette rébellion n’ont pas abouti. Actuellement les options diplomatiques sur la table peinent à produire d’effets.

Clément MUAMBA