IXèmes Jeux de la Francophonie: après l’enlèvement suivi de l’assassinat du député Chérubin Okende, le gouvernement veut rassurer, “il est hors de question de placer Kinshasa dans une psychose”

Photo d'illustration
Réunion de sécurité

La ville de Kinshasa a de quoi s’inquiéter à ce jour, tant elle est le théâtre de scènes horribles dignes de semer la panique et la terreur dans la population, aussi bien chez le politique que le citoyen lambda. Cela à la veille des neuvièmes jeux de la francophonie, fin juillet et début août, et à quelque 5 mois des élections générales. La dernière nouvelle qui sème la psychose est l’assassinat de Chérubin Okende, député national et ancien ministre des transports.

Psychose que le ministre de la communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, veut dissiper, rassurant quant à la vigilance dorénavant à double vitesse des services de sécurité du pays. Il l’a fait savoir, ce jeudi 13 juillet, au sortir d’une réunion de sécurité d’urgence, autour du premier ministre Sama Lukonde, à laquelle ont pris part les responsables de l’armée, de l'ANR, de la DGM, et de la police.

« Nous étions déjà en alerte et les services ont redoublé davantage de vigilance. Il y aura des mesures qui seront annoncées par la police, toujours dans ce cas parce qu'il est hors de question de plonger la ville de Kinshasa dans une quelconque forme de psychose, alors que nous sommes à la veille d'un événement attendu mondialement, à savoir les jeux de la francophonie. Nous avons les élections en fin d'année qui vont arriver. Nous tenons donc à ces engagements et nous allons travailler pour nous assurer que la sécurité est tenue à Kinshasa comme dans tout le pays », a dit Patrick Muyaya.

Cette intervention sert à calmer les ardeurs car la méfiance est de mise dans la ville de Kinshasa, surtout dans les transports en commun, avec le kidnapping et le trafic d’organes que le gouvernement ne reconnaît pas  après ses enquêtes. Les conditions de la mort de Chérubin Okende laisse également à désirer. Après son enlèvement par des hommes armés, mercredi 12 juillet, le corps du porte parole d’Ensemble a été retrouvé jeudi 13 juillet à bord de sa Jeep Lexus Super Sport immatriculée 8953AF/19 devant le garage de Kinshasa, en diagonale de la Direction Générale de la Société Pétrolière du Congo (SEP CONGO).

Le parti politique Ensemble pour la République, auquel faisait partie Chérubin Okende, a dit toute sa consternation après avoir appris ce décès qu’il qualifie de crime d’Etat. Pour élucider les circonstances du meurtre de ce député national et ancien ministre des transports, le gouvernement congolais annonce une enquête “pluridisciplinaire” à laquelle seront associés des services étrangers.

La crainte sur la sécurité est de mise. Une succession des faits à l’encontre des politiques de l’opposition laisse planer des doutes sur la suite. On peut dénombrer l’interdiction du Président d’Ensemble pour la République de se mouvoir dans les provinces du Kongo-Central et du Kwilu, l’enlèvement du député provincial Mike Mukebayi de son domicile, l’enlèvement du cadre d’Ensemble, Salomon Kalonda sur le tarmac de l’aéroport de N’djili ; la perquisition des résidences de Moïse Katumbi à Kinshasa, de Salomon Kalonda et de sa mère à Lubumbashi, l’arrestation de Franck Diongo, aussi réputé pour être proche de Katumbi.

Quelques États et gouvernements francophones, censés prendre part aux neuvièmes jeux de la francophonie qui doivent avoir lieu à Kinshasa du 28 juillet au 6 août, émettent des doutes quant à différents points sur le bon déroulement de cet événement. Pourtant à 2 semaines du début. Le Québec a déjà désisté, le Nouveau-Brunswick a sensiblement réduit sa délégation et la Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé que ses athlètes ne prendront pas part aux compétitions sportives. En plus des infrastructures pas encore prêtes, les raisons de sécurité et de santé ont été évoquées pour justifier ces décisions.

Emmanuel Kuzamba