Une année après le début de conflit communautaire dans le territoire de Kwamouth (Mai-Ndombe), les structures de santé sont toujours fermées au village Bisiala longeant la RN 17. Le personnel de santé avait fui les violences des miliciens Mobondo qui avaient fait incursion dans ce village en 2022, tuant, pillant et incendiant des habitations.
La prise en charge sanitaire est compliquée à Bisiala. Des femmes accouchent à domicile depuis plusieurs mois, ne bénéficiant pas des soins prénataux. Généralement, elles font recours aux vieilles jugées "expérimentées" afin de les aider à accoucher.
"L'hôpital ne fonctionne pas, nous avons besoin des accoucheuses, qu'elles rentrent pour qu'on accouchent dans de bonnes conditions. Les femmes accouchent à domicile, il n'y a pas de centre de santé. Je suis enceinte mais je ne reçois aucun soin", déplore Georgette Milikwimi.
Pire encore, ajoutent ces femmes, les enfants de sexe masculin sont circoncis à base des lames.
"On circoncit les enfants avec des lames, pas de médicaments ni de piqûre parce qu'il n'y a pas d'hôpitaux où prendre des soins. On achète des lames et on conduit les nouveaux-nés vers les femmes qui connaissent beaucoup en la matière, qui prennent les enfants et les circoncisent. Faute de quoi, nos garçons resteront comme ça", témoigne Sarah Mabulu, une habitante de Bisiala.
En cas de maladie la nuit comme le jour, certains parents font le déplacement jusqu’au village Menkwo, à 7 kilomètres afin d'y faire soigner leurs enfants. Souvent des décès sont rapportés en cours de route.
"Les gens souffrent. Moi qui vous parle, je viens d'être avec mon fils à Menkwo, il allait mourir. Nous venons de rentrer mais il est toujours malade. Il a quand-même été soigné. À Menkwo, il n'y a qu'une seule personne qui traite, les autres sont en fuite", déclare un père de famille.
Le village Bisiala a été attaqué en septembre 2022 par les miliciens Mobondo et plusieurs morts ont été signalés. Le village était resté quasiment désert après déplacement de ses habitants, allés en majorité à Bandundu. Actuellement, Bisiala est habité à près de 60% ont témoigné les habitants sur place.
Jonathan Mesa à Kikwit