Kinshasa : grève des chauffeurs, pas de transports en commun dans plusieurs coins de la ville

Route Kasa-Vubu
Sur la grande route Kasa-Vubu entre la station de Bongolo et la place dite "Victoire"

La circulation est amplement perturbée ce lundi 5 juin dans plusieurs coins de la ville de Kinshasa. Les chauffeurs de transports en commun ont débuté une grève, qu’ils veulent de 3 jours, pour exiger notamment la cessation de la tracasserie de la police de circulation routière. La plus grande perdante est la population. Des tas de personnes se retrouvent dans les arrêts de bus pour une attente interminable.

Au rond-point Ngaba, la foule est nombreuse. Certaines personnes affirment être arrivées depuis 5h du matin. Deux heures plus tard, pas de taxis. Les rares motos taxi qui se manifestent pour faire le transport sont brutalement repoussées par les grévistes. Ceux-ci ne veulent voir aucun transport en commun, ni moto, ni un autre moyen de déplacement. Ils ont même réprimé un véhicule du ministère de l’environnement qui était de passage avec des agents à l’intérieur.

Seuls les bus Transco font le transport en commun des populations. Ils sont, par ailleurs, extrêmement pleins à leur départ et leurs arrêts sont très débordés de monde. Un peu plus loin, vers la maison communale de Ngaba, sur l’avenue de l’Université, des pneus sont brûlés en plein macadam. Pour les grévistes, même les tricycles n'ont pas le droit de transporter des gens.

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La situation au Rp Ngaba

Sur la grande route Elengesa, récemment réhabilitée, un barrage est érigé par des grévistes au niveau du pont dit “Ngunza” entre les communes de Ngiri-Ngiri et Makala. Les véhicules venant en direction de Victoire ne peuvent passer ni ceux venant en direction opposée soit de Mont Ngafula ou Selembao.

C’est depuis 4 heures du matin que ce barrage a été érigé selon les habitants sur place, qui confient que la police est venue un moment disperser ces jeunes à coups de balles. « Ils sont retournés dès que les policiers sont partis », explique un jeune rencontré sur le lieu.

Seuls les véhicules personnels et les piétons sont autorisés à passer le barrage. Et comme sur Ngaba, ici aussi les taxi-motos qui tiennent coûte que coûte à passer le barrage sont brutalisés.

« Nous sommes déterminés à réussir la grève de ce lundi. Nous ne nous retrouvons pas à cause du comportement des policiers de roulage. Il y a certains agents qui délaissent leurs postes pour venir déranger les chauffeurs. Dans ce cas, il est difficile de réunir le versement à la fin de la journée », confie un chauffeur sur la route Elengesa.

Pour les rares motos visibles sur cette chaussée, le prix de la course est majoré. Un peu plus loin sur la même route, précisément à la place dite « Mariano », un autre barrage est érigé. Ici, les grévistes font descendre les passagers à bord des engins : motos et tricycles.

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Pont Ngunza sur la route Elengesa

Au rond-point Pompage dans la commune de Mont Ngafula, des centaines de personnes attendent le transport en commun. Habituée de prendre un bus de là jusqu'au marché central dit Zando à près de 2000 Fc, les passagers sont contraints de prendre une moto à 3000 Fc jusqu'au rond-point Magasin.

À partir de là, même calvaire. Pas de transports en commun. Les personnes qui vont sur le boulevard du 30 juin sont obligées de payer 5000 Fc au motocycliste par passager. Et certains véhicules de personnels se sont érigés en taxi et prennent des passagers qui vont en leur direction.

A Brikin, dans la commune de Ngaliema, quelques taxis arrivent. Mais les chauffeurs ont majoré le prix de la course. Un trajet à 500 FC se négocie maintenant à 1000 FC voire 1500 FC. Sur l’avenue du Tourisme, toujours à Ngaliema, une équipe de chauffeurs se pointe pour faire respecter le mot d’ordre. Elle s’illustre notamment en demandant aux confrères chauffeurs de faire descendre tous les passagers à bord des taxi-bus.

Pour rappel, un chauffeur a perdu la vie suite à un imbroglio avec les chargeurs de l’Association des Chargeurs du Congo (Achaco), à Matete, le 2 mai dernier. Un autre, à Bandalungwa, le 5 mai. Autre raison à la base de cette grève, la tracasserie des agents de la PNC, qu’ils disent véreux.

Les chauffeurs exigent, pour ce faire, le retrait de l’Achaco dans les parkings. Ils veulent s’organiser seuls sur les parkings. Sur la route, ils exigent uniquement la présence des PCR et des agents de la DGRAD. Ils considèrent les agents des unités « UJana », PP, GMI, B2 ou Mbata, comme des unités de trop qui ne facilitent pas leur travail.

A noter que cette grève se tient en dépit d’un moratoire de 10 jours accordé le weekend dernier aux chauffeurs par le gouvernement provincial. Durant cette période, aucun contrôle de documents ne peut avoir lieu.