Plus de 6000 enfants victimes de conflits armés en RDC, des acteurs sociopolitiques appelés à conjuguer des efforts pour améliorer la situation des enfants

Table Ronde sur la question des enfants victimes des conflits armés en RDC
Table Ronde sur la question des enfants victimes des conflits armés en RDC

La question des enfants affectés par les conflits armés était au centre d'une table ronde organisée par les Ambassade du Canada et de Norvège en RDC, l'UNICEF ainsi que les membres du groupe des amis des enfants affectés par les conflits armés (CAAC). Il était question, au cours de ces assises tenues mardi 23 mai, à Kinshasa, de discuter sur le dernier rapport des Nations-Unies sur les enfants et le conflit armé en RDC durant la période avril 2020 à mars 2022.

La RDC reste le pays avec le plus grand nombre de violations graves vérifiées dans le monde (7616). Plus de 6 000 enfants affectés dont 1 249 enfants victimes de plusieurs violations. Les principales violations graves vérifiées : recrutement et utilisation d'enfants (3 901), enlèvement (1548), Viol et violences sexuelles (944), meurtre et mutilation d'enfants (929), Attaques sur les écoles et les hôpitaux (281).

« Nous avons voulu organiser cette table ronde qui a réuni des représentants du gouvernement, des organisations internationales et des différents membres du groupe d’amis des enfants affectés par les conflits armés pour justement discuter de la question et surtout de l'avancement des progrès fait ici en RDC. Il y a un plan d'action qui est en place depuis 2012, il a été mis en place par un groupe technique, qui a aussi des antennes dans différentes provinces et travaillent sur les principaux points qui touchent la question des enfants. Ce qui était particulièrement soulevé ce jour, c'était les questions de prévention et les questions liées à l'impunité parce que ce que l'on voit ce que malgré tous les efforts qui sont faits du côté sensibilisation, communication, de formation, il reste encore beaucoup de progrès à faire parce qu’on a vu les chiffres qui sont sortis, ce ne sont pas des chiffres qui sont en décroissance donc il reste encore beaucoup de progrès à faire », a dit devant la presse Benoit-Pierre Laramée, ambassadeur du Canada en RDC et Coprésident du groupe d’amis des enfants affectés par les conflits armés.

Pour le diplomate canadien, en écoutant ces chiffres à partir de Kinshasa, les gens ont tendance à vouloir banaliser la situation. En tant que coprésident du groupe d’amis avec la Norvège, il a rassuré le gouvernement de l'accompagnement sur cette question.

« Nous, en tant que membres du groupe des amis pour la question des enfants en situation des conflits, nous sommes là pour accompagner le gouvernement, renforcer ce plaidoyer. Si je me souviens bien de chiffres qui étaient présentés par l’UNICEF, on était autour de 8000 enfants qui sont affectés par les conflits armés. Ce que je voudrais souligner, c’est que ces chiffres, vu d’ici de Kinshasa, à 2000 kilomètres de ces conflits, peuvent paraître d’une certaine façon abstraite. Mais, que vous parliez à un seul de ces enfants qui ont été affectés, je vous garantis que quand j’ai entendu son histoire, j’allais vouloir agir aussi », a indiqué Benoit Pierre Laramée.

Et d'ajouter :

« La recommandation, c’est de continuer de travailler ensemble. Comme je le disais à tous les différents pays ici qui sont représentés, les organisations internationales, les différents ministères qui sont impliqués, pour renforcer, continuer, le plaidoyer parce que ces enfants doivent mûrir, grandir et le méritent. Le gouvernement n'est pas seul et nous nous mettons à leur disposition pour assurer un meilleur avenir pour les enfants affectés par des conflits armés ».

Face à cette situation, Katya Marino, représentante adjointe de L'UNICEF en RDC a formulé des recommandations afin d'arriver à régler cette situation. Parmi les recommandations, il y a entre autres :

Maintenir tous les efforts pour prévenir le recrutement et utilisation d'enfants par les forces armées ; Accélérer la mise en œuvre des aspects de son plan d'action de 2012 relatif aux violences sexuelles à l'encontre des enfants, car les forces armées restent auteurs de cette violation grave; Mettre en œuvre ses engagements relatifs aux violences sexuelles liées au conflit et prioriser l'accès aux services pour les survivant.e.s ; Poursuivre les efforts pour reconnaître la responsabilité et lutter contre l'impunité des auteurs des violations graves, en particulier pour les violences sexuelles, essentiel pour prévenir ces violations ; Considérer les enfants associés aux groupes armés comme des victimes et donc considérer la détention comme une mesure de dernier recours et pour une période de time la courte possible et de les transférer aux acteurs de protection de l'enfant ; Accorder une attention particulière aux enfants dans le nouveau programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S), et à leurs besoins spécifiques dans sa mise en œuvre ; Soutenir les actions de sensibilisation des groupes armés pour mettre fin et prévenir les violations graves; Minimiser les effets des opérations militaires et des confrontations entre les parties au conflit sur les civils, et les enfants en particulier ; Continuer et accroître ses efforts pour la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles (Safe Schools Declaration) ; Soutenir les programmes de réintégration socio-économique des enfants, comm condition à la paix et à la stabilité.

Cette table ronde s'est tenue à quelques semaines de la conférence autour du même thème prévue en Norvège. D'après l'ambassadeur de Norvège en RDC, cette conférence aura comme thème :" Protégez les enfants dans des conflits armés". La RDC prendra également part à ces travaux.

Clément MUAMBA