Dans un message intitulé "Retirez vos mains sanguinaires de nos provinces ecclésiastiques", les évêques catholiques de Kinshasa, Kongo Central, Kwango, Kwilu et Mai-Ndombe réunis en session ordinaire clôturée à Kenge ce dimanche, ont dénoncé "des mains sanguinaires à Kinshasa" qui se cachent derrière le conflit dans les provinces de la région de Bandundu “pour des intérêts politiques et économiques”.
"Les récents massacres et troubles perpétrés à Batshongo, Mongata, Kimpulamba, Kakuba, Tadita et à la ferme Mayo provoquant le déplacement massif des populations, continuent de semer la désolation et l'insécurité. A l'issue de plusieurs visites pastorales sur terrain, des entretiens, des contacts et les témoignages recueillis auprès de différentes couches de la population, nous en sommes venus à l'intime conviction que des mains invisibles sanguinaires à partir de Kinshasa, se cachent derrière tous ces conflits", ont déclaré les prélats catholiques.
Il y a une semaine, des affrontements entre l’armée et la milice Mobondo ont fait au moins 11 morts à Mongata (Kinshasa) et Batshongo (Kwango). Parmi les victimes, des soldats et policiers décapités.
Ce conflit vise à "confisquer des terres aux peuples qui ont toujours vécu ensemble", ont-ils indiqué.
" Partis d'un conflit foncier, ces conflits sont récupérés par des personnes qui dépendent des intérêts occultes à caractères politique et économique. Visiblement, nous assistons impuissants à une pure instrumentalisation de ces conflits par certains hommes politiques en quête de légitimité locale. Derrière cette mise en scène du conflit Teke et Yaka, se cachent des intérêts économiques visant à confisquer des terres aux peuples qui les ont toujours occupés dans une coexistence pacifique. Comment ne pas l'affirmer lorsque nous constatons que les pyromanes d'hier sont aujourd'hui investis de la mission de sapeur-pompier au détriment des populations victimes des actes barbares", ont révélé les évêques catholiques.
Dans le cadre de ces violences, l'archevêque de Kinshasa Cardinal Fridolin Ambongo a effectué une mission dans le territoire de Kwamouth, au Kwilu et dans le Kwango afin de s'imprégner des véritables causes de ce conflit.
Jusqu'en 2020, plus de 300 personnes ont été tuées à Kwamouth. Au Kwilu, plus de cinquante personnes ont péri dans le secteur Wamba au territoire de Bagata.
En 2023, une trentaine d'habitants de Kwamouth ont été tués, au moins 14 à Bagata et au moins une dizaine dans la province du Kwango.
Jonathan Mesa à Bandundu