Des intérêts économiques se cachent derrière la "mise en scène" du conflit teke-yaka, selon les catholiques: “l’objectif est la confiscation des terres”

Les déplacés de Kwamouth
Les déplacés de Kwamouth reçus à Bandundu

L'Assemblée Episcopale Provinciale de Kinshasa (ASSEPKIN), qui est notamment composée du Cardinal Fridolin Ambongo, des évêques et d’autres membres, a donné sa lecture des violences de la situation sécuritaire dans l’Ouest de la RDC particulièrement à Mai-Ndombe, au Kwilu, au Kwango, voire à Kinshasa. Les prélats évoquent aussi les récents massacres et troubles perpétrés à Batshiongo, Mongata, Kipulamba, Kabuba, Tadika et à la ferme Mayobo, provoquant le déplacement massif des populations.

A l'issue de plusieurs visites pastorales sur le terrain, des entretiens, des contacts et des témoignages recueillis auprès de différentes couches de la population, « nous en sommes venus à l'intime conviction que des mains invisibles sanguinaires à partir de Kinshasa se cachent derrière tous ces conflits », explique -t-elle. 

Et d’ajouter: « En effet, partis d'un litige foncier, ces conflits sont récupérés par des personnes qui défendent des intérêts occultes à caractère politique et économique. Visiblement, nous assistons impuissants à une pure instrumentalisation de ces conflits par certains hommes politiques en quête de légitimité locale ».

Selon l’ASSEPKIN, il s’agit d’une mise en scène qui cache des intérêts économiques « visant à confisquer les terres aux peuples qui les ont toujours occupées dans une coexistence pacifique ». 

« Comment ne pas l'affirmer, lorsque nous constatons que les pyromanes d'hier sont aujourd'hui investis de la mission de sapeurs-pompiers au détriment des populations victimes des actes barbares ? A cette allure, nous craignons l'extension de ces conflits sur l'ensemble de nos Provinces, nous éloignant durablement de la paix tant désirée », s’interroge ASSEPKIN.

Elle paraphrase le Pape François et dit « haut et fort à la conscience des personnes qui sont de vrais responsables de ces conflits et de ces massacres : Retirez vos mains sanguinaires de nos Provinces ! Agissez en responsables pour protéger notre peuple ! Cessez de manipuler et d'instrumentaliser un peuple déjà meurtri par la souffrance, la misère et les deuils récurrents ».

Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), au moins 300 personnes ont été tuées depuis juin 2022 dans ce conflit. Des représentants de déplacés et des chefs traditionnels Teke ont officiellement saisi les Nations Unies pour solliciter le déploiement des contingents de la Monusco dans les territoires de Kwamouth et Bagata en vue d'imposer la paix.