RDC: la peur du retour, malgré les conditions infra-humaines dans les camps de déplacés autour de Goma 

Le camp de déplacés de Bulengo, dans la périphérie de Goma
Le camp de déplacés de Bulengo, dans la périphérie de Goma

En RDC, une relative accalmie est observée sur les différentes lignes de front dans les affrontements opposant l’armée au M23 dans la province du Nord-Kivu. Cette évolution coïncide avec le déploiement complet de la force régionale de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC). Des soldats venus de l’Ouganda, du Burundi, du Kenya, du Sud-Soudan composent cette force qui est présente dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. Une partie de la population déplacée est tentée par un possible retour, mais la peur subsiste.

Esther a fui Kisharo, dans le territoire de Rutshuru, quelques heures avant l’entrée des combattants M23 dans la cité.

La jeune femme de 22 ans et sa famille ont marché plusieurs kilomètres avant d’atteindre le camp de Bulengo.

Mais la vie dans le camp est difficile.

« Nous souffrons ici. Même si on te donne à manger aujourd’hui, il y a des chances pour que trois jours après tu souffres de la faim. Aidez-nous! Nous sommes exposés aux intempéries. Nos enfants tombent malades. Apportez-nous des bâches et de la nourriture ».

Dans ces conditions, elle a envisagé un temps de rentrer dans son village avant d’en être dissuadée.

« Nous sommes arrivés au point où certains d’entre nous sont morts de faim. On les a enterrés ici. Toujours à cause de la faim, certains ont décidé de rentrer vers Kitshanga. Ils ont quitté le camp et sont partis. Six parmi eux ont été tués par balles. Je vous en prie, aidez-nous ».

Face à ces conditions dégradées, il va falloir également anticiper d’autres problèmes.

Bruno Lemarquis est représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies.

« Il y aura certainement des problèmes particuliers, par exemple au niveau du foncier, il y aura sans doute des problèmes de contamination. Dans plusieurs zones, il y a eu des combats. Il y aura sans doute des mines. Il faut planifier tout ça maintenant ».

Sans compter que sur le plan politique la tension est toujours aussi vive entre le gouvernement et le M23. Le processus de cantonnement des rebelles piétine.