RDC/Etat de siège: qu’est-ce qui explique la montée spectaculaire de l’insécurité dans la ville de Goma?

Une vue de la ville de Goma. PH/ACTUALITE.CD

La ville de Goma est sous pression d’une insécurité qui ne dit pas son nom et qui s’est accentuée jusqu’à atteindre un degré exponentiel au regard des atteintes graves enregistrées au quotidien. Chaque nuit, la ville enregistre des cas d’assassinats par des hommes armés toujours non identifiés. Aucun quartier n’est épargné. Entre mars et avril, au moins 16 personnes ont été tuées par balles, dont 10 dans la commune de Goma et 6 dans la commune de Karisimbi. A cela, il faut ajouter des cambriolages avec le phénomène “40 voleurs”.

Cette montée de l’insécurité étonne à Goma où des nombreuses questions se posent au sein de la société.

“En réalité, la ville de Goma devrait être en paix et en sécurité totale parce que nous avons les FARDC, la PNC, la force onusienne, la force régionale de l'EAC et des militaires formateurs et investigateurs. Nous croyons que cette insécurité est causée par plusieurs chose notamment la surmilitarisation de la ville de Goma sans connaître qui fait quoi, quand, où, comment, avec quels moyens et sous la coordination de qui, la faible attention des autorités sur les questions sécuritaires”, explique Vicar Hangi, vice-président de la société civile de Goma. 

M. Hangi redoute aussi une “probable infiltration des rebelles qui posent des actes de sabotage profitant de la faiblesse des autorités dans la gouvernance sécuritaire”. 

Les rebelles du M23 occupent toujours des villages dans le territoire de Nyiragongo au nord de Goma. 

D’autres sources accusent les membres des forces de sécurité qui seraient impliqués dans des violations. 

“Ce sont des militaires de la Garde républicaine, ils sont impliqués dans plusieurs cas d'assassinats à Goma. Dernièrement, la population avait réussi à neutraliser un militaire GR, ses amis sont venus et ont tiré des balles pêle-mêle pour disperser la population et sauver leur collègue, c’était à Katindo”, a confié Jack Sinzahera, jeune activiste de Goma.

Les autorités de l’état de siège ne reconnaissent pas l’implication des militaires dans des assassinats et parlent “d’hommes armés non identifiés qui sèment le désordre dans la ville de Goma”. 

“Nous y travaillons et nous vous avons présenté il y a quelques jours ces criminels, parmi eux un civil qui était en tenue de la Garde républicaine. Ce n’est pas toujours prudent de lier les actes des inciviques qui jouent le jeu de l’ennemi aux forces armées de la RDC”, a dit le lieutenant-colonel Njike Kaiko, porte-parole des opérations sokola 2 au Nord-Kivu.

En l'espace de moins d'une semaine, près de 80 présumés bandits armés ont été appréhendés par la police dans la ville de Goma, 32 parmi eux ont été présentés cette semaine à la presse. 

"Nous sommes en opération continue. Tant qu'ils seront sur terrain pour mettre la désolation au sein de notre population, nous serons toujours debout et à leur traque. Nous invitons les structures des jeunes, les opérateurs des droits de l'homme, les structures des mamans, toutes les personnes de bonne volonté, à nous accompagner en nous amenant les renseignements parce que nous devons connaître où sont-ils, qu'est-ce qu'ils font, leur mode d'emploi du temps", a dit le maire ad intérim de Goma, le commissaire supérieur principal  Faustin Kapend. 

Une autre source d’insécurité dans la ville, c’est aussi la présence des miliciens Wazalendo (Patriotes) armés en provenance des territoires de Nyiragongo et Masisi. L’opinion a été surprise en mars dernier de voir en plein centre ville, deux jeunes armés de kalachnikov circuler librement, pas à n'importe quel endroit, mais à deux pas du commissariat provincial de la police. Toutes ces questions remettent en cause l’efficacité de l’état de siège en vigueur au Nord-Kivu et en Ituri depuis bientôt deux ans. 

Yvonne Kapinga, à Goma