RDC: à Kinshasa, huit jeunes filles ont fait l'expérience du métier d'ambassadeur accrédité

Photo/ Actualité.cd
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En marge de la célébration des droits des femmes, l'ambassade du Royaume-Uni à Kinshasa a organisé la deuxième édition du concours “Ambassador For A Day”, en partenariat avec la Belgique, le Canada, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, et l'Union Européenne. Sur plus de 100 candidatures reçues, huit jeunes filles ont été retenues pour expérimenter le travail d’un ambassadeur dans la capitale congolaise le 14 mars.

  Le concours consistait à envoyer une candidature sous forme de vidéo, pour répondre à une question liée au développement communautaire et au rôle de la femme dans le développement et le maintien de la paix en RDC.

Le temps d'une journée, comme toutes les candidates, Mbaya Sharon Rose, élève du Collège Saint-Damien (commune de Ngaliema) a été à l’Ambassade du Canada. 

« Ce rôle m’a permis de faire une découverte, être un ambassadeur ne consiste pas uniquement à être diplomate. C’est également  être un gestionnaire. Ma vidéo a abordé la problématique des inondations à Kinshasa. Au-delà des impacts matériels, les inondations sont aussi à la base des décès. J’ai proposé comme solution le nettoyage des caniveaux, la gestion des déchets et le recyclage », a expliqué la jeune fille de 16 ans.

Kimbunda Patricia, 14 ans a été à l'ambassade de la Norvège. «J’ai vécu le stress d’un ambassadeur, rechercher la perfection, parfois abandonner ceux qu’on aime pour aller dans un autre pays, c’est très difficile comme travail. J’ai aussi apprécié l'accueil et les explications. Ma vidéo portait sur le chômage, l’insuffisance alimentaire et la banalisation. J’ai montré que le chômage entraîne l’élévation de la criminalité mais que ce n’est pas une fatalité. On peut se battre et vaincre le chômage », a confié cette élève du Lycée Motema Mpiko à Kasavubu. 

Ngalula Abigaël du Lycée Mpiko de Lemba, est venue à l’Ambassade de Suisse avec des interrogations sur la neutralité perpétuelle suisse. Cependant, « grâce aux explications de Chasper Sharot, ambassadeur accrédité à Kinshasa, elle a pu compléter ses connaissances. Elle sait désormais que lorsqu'il y a  des conflits armés dans un pays, la Suisse n’envoie pas son armée en appui aux forces loyalistes mais intervient en offrant des soins aux blessés, aux malades », a expliqué la jeune fille, soutenu par le diplomate qui s’est engagé à suivre le parcours de sa mentorée.

 « Nous ferons l'accompagnement en tant que parents »Certaines gagnantes se sont faites accompagnées par leurs tuteurs. Interrogés, ils ont partagé l’expérience du processus d’accompagnement. « Elles ont l’habitude de faire des exposés, des rédactions au niveau de l’école (Saint-Damien également). Gracia a développé un sujet qui traitait des érosions et des solutions à y apporter. Au début du programme, elle m’a dévoilé son fardeau pour l’implication des jeunes dans la gestion des déchets plastiques. Elle m’a confié que même si elle n’était pas retenue, elle porterait toujours ce combat. C’est une fierté pour nous parents, de l’avoir accompagnée aujourd’hui à cette activité », a expliqué Aicha Simbi, mère de Simbi Gracia, ambassadrice pour un jour de la Grande Bretagne.

« Aujourd’hui, notre fille a jaugé sa destinée par rapport à l’exercice qu’elle a réalisé au sein de l’ambassade et peut-être qu’elle deviendra ambassadrice demain, pour les états ou pour tout autre cause. Je pense qu’elle a tiré des leçons énormes et nous ferons l’accompagnement en tant que parents »,  a indiqué Jean-Paul Divengi Nzambi, père de Divengi Victoria. 

50 textes produits après la première édition

Miriam Bosea a participé à cette expérience l’année dernière. Pour la deuxième édition, Ursula Onoya et elle, ont été invitées pour passer le relais aux nouvelles. 

« A travers AmbassadorForAday 2022, nous avons reçu des appels et plusieurs conférences ont été organisées à ce sujet. Cela m’a également inspiré à écrire des nouveaux textes. De 2022 à 2023, j’ai réussi à écrire 50 nouveaux poèmes. Je m’organise avec ma famille et l’école pour pouvoir rendre cela public et encourager d’autres jeunes à affronter leurs peurs », a-t-elle fait savoir. 

A Ursula Onoya d’ajouter, « passer une journée avec madame l’Ambassadeur Emily Maltman l’année dernière, alors qu’elle était enceinte, m’a permis de briser certains préjugés qui entourent les femmes. Je sais désormais que je peux accomplir tout ce que je veux avec beaucoup de courage et de travail ».

 Donner aux jeunes femmes Congolaises les moyens de faire une différence positive

Parmi les invités à cette activité, il y avait notamment Antoinette N'Samba Kalambayi (Ministre des mines), Jeanine Mabunda (Députée nationale et première présidente honoraire de l’Assemblée Nationale), Henriette Wamu (Députée Nationale), Patricia Nseya (Rapporteure de la CENI), Mamitsho Pontshi (troisième femme pilote congolaise), Thérèse Kirongozi (Ingénieure, conceptrice des robots roulages à Kinshasa). 

Emily Maltman, Ambassadrice pour la Grande Bretagne a expliqué l’objectif de ce programme. "L'ambassade britannique s'est engagée à donner aux jeunes Congolaises les moyens de faire une différence positive. Cette initiative est connue sous le nom d'Ambassadrice d'un jour, mais nous encourageons également les jeunes femmes à devenir des leaders pour la vie. Avec la nouvelle stratégie internationale du FCDO (Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth), nous sommes déterminés à placer les femmes et les filles au centre de tout ce que nous faisons. Nous les défendrons à chaque instant, nous travaillerons avec nos partenaires pour qu'ils fassent de même et nous nous attaquerons à toutes les violations des droits et des libertés des femmes dans le monde", a déclaré Emily Maltman.

Les huit jeunes filles qui ont participé cette seconde édition d'Ambassador for a day (Ambassadrice d’un jour) sont Monsho Julia, Ngalula Abigaël, Kimbunda Patricia, Mbaya Sharon Rose, Duli Tracy, Tshibola Christivie, Divengi Victoria ainsi que Simbi Gracia.

Prisca Lokale